Un immense récif corallien encore intact découvert au large de Tahiti

Publié le 27 janvier 2022 (modifié le 20 février 2023 à 22h22)
Par Julie MARIE
Temps de lecture : 3 mins
Alors que plus de 80 % de l’océan est encore inconnu de l’Homme, un gigantesque récif corallien de 3 km de long a été découvert au large de Tahiti, à plus de 30 mètres de profondeur. La nouvelle a été annoncée jeudi 20 janvier 2022 par l’Unesco, qui a supervisé l’équipe de chercheurs à qui l’on doit cette découverte. Encore plus exceptionnel, le récif est en excellent état de conservation et ne présente aucune trace de détérioration liée aux activités humaines. Une trouvaille importante alors que les récifs coralliens du monde entier souffrent de détériorations liées au changement climatique.

La découverte hors du commun d’un gigantesque récif corallien

Dans la zone crépusculaire de l’océan Pacifique, que la lumière peine à atteindre, un des récifs coralliens profonds les plus importants jamais enregistré, a été déniché. Le récif qui s’étend sur 3 km de long et situé entre 35 à 70 mètres de profondeur, a été observé pour la première fois lors de plongées sous-marines organisées dans le but de cartographier les fonds marins de Polynésie et a subjugué les plongeurs par ses coraux en forme de roses géantes.

Il s’agit d’une découverte hors du commun car la plupart des récifs coralliens connus dans le monde ne se trouvent pas dans des zones aussi profondes. Cette trouvaille semble donc indiquer qu’il existe de nombreux autres grands récifs encore inconnus des scientifiques, situés à des profondeurs de plus de 30 mètres, dans la zone crépusculaire de l’océan Pacifique.

Un récif en parfait état de conservation

Ce qui est encore plus surprenant pour les chercheurs, c’est le fait que le récif - pourtant situé dans une région ayant pourtant subi un fort épisode de blanchissement (une décoloration des coraux qui intervient lorsque la température de l’eau se réchauffe et que l’exposition à la lumière augmente) en 2019-, soit en parfait état de conservation. Sa préservation est probablement liée à la profondeur inhabituelle du récif. En effet, la plus grande part des récifs de coraux connus aujourd’hui se situent dans des eaux moins profondes, les rendant plus sensibles aux vagues de chaleur malheureusement de plus en plus fréquentes. Ici, situé à plus de 30 mètres sous l’eau, l’impact du blanchissement y est moins fort, la température de l’eau étant plus fraîche et l’environnement plus sombre. Cette découverte offre de nouvelles perspectives pour la conservation des coraux. Une bonne nouvelle à l’heure où le réchauffement et les épisodes de blanchissement menacent de faire disparaître les écosystèmes qui abritent 25 % de la vie marine sur Terre.

Laetitia Hédouin, biologiste qui a co-dirigé la mission, s’enthousiasme au micro de France Inter : « En ce moment, on a beaucoup de mauvaises nouvelles sur les récifs coralliens qui nous montrent à quel point l'impact de l'homme est négatif. Et du coup, c'est vrai que lorsqu'on découvre dans les profondeurs des récifs comme celui-ci qui semblent être préservés, j'avoue que ça redonne un peu d'optimisme pour le futur des récifs coralliens et ça veut dire qu'il reste des récifs coralliens dont la santé n'a pas encore été touchée par l'activité humaine. »

« À ce jour, nous connaissons mieux la surface de la lune que les profondeurs de l'océan »

Comme les récifs constituent une source de nourriture importante pour d’autres organismes, il est indispensable pour l’Unesco de les cartographier. Réussir à les localiser peut donc faciliter la recherche sur la biodiversité. De plus, les organismes qui vivent sur les récifs peuvent jouer un rôle fondamental pour la recherche médicale et les barrières de corail peuvent également fournir une protection contre l’érosion côtière ainsi que les tsunamis. Conscients de l'importance du corail pour l'homme, l’ONG Fragments of Hope s'est activée pendant 15 ans à réimplanter tous les coraux. Grâce aux efforts des bénévoles, près de 80 % des coraux sont toujours vivants aujourd'hui. « À ce jour, nous connaissons mieux la surface de la lune que les profondeurs de l'océan. Seuls 20 % de l'ensemble des fonds marins ont été cartographiés », a réagi l’Unesco sur les réseaux sociaux, laissant envisager l'étendue des découvertes qu’il reste à réaliser.

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