Au Soudan, les mutilations génitales sont désormais considérées comme des crimes

Publié le 18 mai 2020 (modifié le 20 février 2023 à 22h18)
Par One Heart
Temps de lecture : 3 mins

Le gouvernement soudanais a officiellement criminalisé les mutilations génitales féminines le 22 avril dernier, en ajoutant un article spécial dans le code pénal. Les personnes qui les pratiquent pourront écoper d'une peine de trois ans de prison. L'interdiction intervient tout juste un an après la chute du gouvernement d'Omar El-Béchir, fermement opposé à l'abolition de cette tradition. Le Soudan rejoint donc les nombreux pays africains ayant abandonné cette pratique. 

 

 

Au Soudan, 87% des femmes âgées de 14 à 49 ont subi une forme de mutilation sexuelle 

Considérée comme un rite de passage pour les gens qui la pratiquent, l'excision peut être mortelle dans certains cas. Pourtant, 9 femmes soudanaises sur 10 ont déja subi cette pratique barbare qui consiste en l'ablation totale ou partielle des organes sexuels féminins, petites lèvres ou clitoris. 

Ces actes sont le plus souvent pratiqués afin de perpétuer des traditions. Selon les croyances, l'ablation des parties génitales garantirait l'honneur de la famille et ses perspectives de mariage. 

Pratiquées sans raison médicale et dans des conditions d'hygiènes discutables, les mutilations sexuelles peuvent engendrer des conséquences multiples et dangereuses telles que des infections rénales, urinaires ou utérines, des kystes ou hemorragies ou encore des problèmes gynécologiques pouvant dans certains cas, entraîner la mort

"La prévalence des mutilations génitales féminines au Soudan est l’une des plus élevées au monde. Il est maintenant temps de recourir à des mesures punitives pour garantir que les filles soient protégées de cet acte", a déclaré à Reuters Faiza Mohamed, Directrice régionale d’Equality Now.

 

Une victoire pour les Soudanaises, un message d'espoir pour les femmes du monde entier

Désormais, toute personne qui pratique des mutilations génitales féminines au Soudan, encourt une peine de prison ainsi qu'une amende. Une victoire pour les Soudanaises obtenue après plus d'une décénnie d'un combat mené par des associations soudainaises et de défense des droits de l'Homme sur le terrain, à l'instar de l'Amref qui n'a eu de cesse que de sensibiliser les populations locales et de les éduquer. Les Soudanaises elles-mêmes ont joué un rôle déterminant dans la transformation du pays, entamée il y a déjà un an avec le départ du chef de l'Etat Omar El-Béchir et la formation d'un gouvernement de transition et d'un pouvoir civil.

Une victoire d'étape puisque c'est une loi qui, dans son application, sera difficile de respecter car les mutilations sexuelles sont très encrées, à tel point qu'elles ont même regagné des régions où elles avaient cessé d'être pratiquées comme les montagnes de Nubi dans le nord du Soudan. L'exemple de l'Egypte est aussi parlant. Le pays a interdit la pratique de l'excision en 2008 accompagnant cette loi de peines de prison allant jusqu'à sept ans. Cependant, selon une étude de l'ONU datant de 2016, la situation n'aurait guère changé : encore aujourd'hui, 70% des Egyptiennes subiraient des mutilations génitales avant leurs 12 ans. 

Au total, plus de 200 millions de femmes et de filles auraient subi des mutilations génitales à travers 31 pays dans le monde, essentiellement en Afrique. 

Malgré ces chiffres alarmants, la pratique des ces actes est en constant recul et ce notamment grâce à la scolarisation des jeunes filles. Une solution universelle qui semble faire ses preuves. L'éducation des femmes en Afrique subsaharienne s'améliore et permet le contrôle des naissances et donc la prévention contre les mutilations génitales. 

 

 

 

 

Par Charly Kadima.

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