Excision : quand tradition rime avec destruction

Publié le 6 février 2018 (modifié le 20 février 2023 à 22h17)
Par One Heart
Temps de lecture : 3 mins

Par Guillemchoqué par cette tradition

 

Chaque année, 3 millions de jeunes filles sont excisées. Pour rappel, l'excision consiste en une ablation rituelle du clitoris et parfois des petites lèvres et est encore pratiquée chez certains peuples, symbole de pureté. A l'occasion de la journée mondiale contre l'excision, nous avons rencontré Sérénade Chafik, Présidente de l'association Les Dorine, qui lutte pourl'égalité des droits hommes-femmes.

 

1. Quel est le constat des actes d'excisions en France et à l'étranger, les tendances et les chiffres ? 

Selon le dernier rapport publié par L’UNICEF en 2016, 200 millions de filles et de femmes ont subi des MGF (mutilations génitales féminines) dans 30 pays.

La moitié des filles et des femmes ayant été excisées vivent dans trois pays : l'Égypte, l'Éthiopie et l'Indonésie.

Nous ne disposons pas d’enquête sur la prévalence de la pratique de la mutilation génitale féminine. Nous travaillons avec des estimations faites en 2004 selon lesquelles l'excision concernerait environ 60 000 femmes en France.  500 000 femmes souffrent des conséquences d'une excision en Europe. 

 

2. Quelles sont les évolutions de ce phénomène de mutilations génitales féminines ces 10 dernières années ? 

On constate dans certains pays une recrudescence de l’excision due au laxisme des autorités.

Dans certains pays le contexte législatif est flou et imprécis, ce qui n’aide pas la lutte contre la pratique de cette mutilation. On constate également que dans les pays qui se sont dotés, ces dernières années, de lois interdisant la MGF, l’application de la loi n’est pas en rigueur et très peu d’exciseurs, d’exciseuses et de parents sont poursuivis.

La montée du fondamentalisme dans certaines régions, les conflits et les dictatures sont des freins à la prévention et au recul de la pratique de cette mutilation.

Traditionnellement, la mutilation génitale féminine est pratiquée en dehors des structures de soins et par des exciseurs. Depuis une vingtaine d'années, dans certains pays -comme l’Egypte, le Kenya ou le Soudan-, une proportion importante de prestataires de santé réalisent cette mutilation.

 

UNICEF

 Source : UNICEF, juillet 2013

 

3. Pourquoi des femmes sont-elles excisées ? Est-ce un phénomène religieux, culturel, tribal ? 

Il existe plusieurs croyances ; toutes sont indépendantes des religions. Par exemple, en Egypte, les Coptes (chrétiens d’Egypte) et les musulmans excisent leurs filles.

Les familles qui font subir à leur fillette une excision croient que l’adolescente n’aura pas de désir sexuel avant le mariage. Ils croient aussi que les femmes non excisées sont impures et qu’il ne faut pas se marier avec.

Il s’agit donc de croyances sexistes qui considèrent la femme comme impure et que le seul statut valorisant pour une femme est celui d’être épouse et mère.

 

4. Comment les jeunes femmes, susceptibles d'être victime d'excision, peuvent-elles éviter cet acte de mutilation ? Vers quel acteur et  quelles institutions peuvent-elles se tourner en France ? 

Les jeunes filles qui croient être en danger d’excision peuvent alerter l’infirmière scolaire, le 119, un adulte de confiance et peuvent écrire directement au procureur. Le site d’Excision Parlons-en et celui du GAMS (Groupement pour l’Abolition de de la Mutilation Sexuelle) donnent des conseils et des recommandations. (NDLR. Vous pouvez (re)voir en vidéo l'interview d'Isabelle Gillette-Faye, directrice générale de la Fédération GAMS que nous avions réalisée en février 2016.)

Si la jeune fille se trouve en vacances dans le pays d’origine, elle peut se rendre au consulat de France et alerter sur sa situation.

 

5. Comment une femme excisée peut-elle se reconstruire ? Peut-elle être opérée et retrouver du plaisir sexuel ? 

Le médecin français Pierre Foldes est celui qui a inventé, en collaboration avec l'urologue Jean-Antoine Robein, une méthode chirurgicale permettant de réparer les dommages causés par l'excision. 

Aujourd’hui, plusieurs médecins en France ont été formés par le Docteur Foldes et exercent dans différents centres médicaux.

Les maisons des femmes (NDLR. par exemple la Maison des Femmes, basée en Seine Saint Denis), les centres de planification ainsi que les PMI orientent les femmes désireuses d’être opérées vers les structures qui pratiquent l’opération de « réparation ». 

 

Crédits photo : Excision Parlons-En, Campagne de prévention, 2017

 

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