Human Flow : le documentaire artistique sur les terribles crises migratoires

Publié le 7 février 2018 (modifié le 20 février 2023 à 22h17)
Par One Heart
Temps de lecture : 4 mins

Par, Guillem Weiwei

Ai Weiwei l'artiste engagé chinois avait fait l’objet d’un documentaire en 2012 appelé « Never Sorry ». Ce documentaire était une bibliographie de cet artiste chinois dissident et engagé qui affronte l’Etat chinois sur le sujet épineux des droits de l’Homme de la première puissance économique mondiale. Ai a été surveillé et persécuté par les autorités chinoises qui le considèrent comme un agitateur. Il est brutalisé par la police, assigné à résidence, traqué sans relâche et, en 2011, il est envoyé en prison sans chefs d’accusation réels pendant 81 jours puis condamné à payer une amende d’1,85 million de dollars.

Cette fois l'artiste et activiste Ai Weiwei réalise son premier documentaire long métrage, « Human Flow » qui traite des déplacements des populations et plus particulièrement des enfants, des femmes et des hommes qui fuient les zones de guerre en Syrie et en Irak, pour un voyage très périlleux en laissant tout derrière eux.

 

Ai Weiwei, un artiste engagé qui a connu la persécution et l’immigration

Ai Weiwei était, durant sa jeunesse, un migrant sans papiers à New York. Une fois adulte, il est retourné dans sa Chine natale, a gagné en notoriété en tant qu'artiste mais a dû quitter la Chine après sa libération de résidence surveillée en 2011. « Human Flow » aborde l’ampleur catastrophique de la crise migratoire et ses terribles répercussions humanitaires. Ce documentaire décrit la détresse des réfugiés de guerre, et montre le long chemin pour échapper à la famine, au dérèglement climatique et aux conflits dans le monde. En effet, le film nous fait voyager à travers 23 pays, de l’Afghanistan, au Kenya en passant par la France, la Turquie ou encore Israël ou le Mexique.

Dans son documentaire « Human Flow », Ai Weiwei filme avec son appareil photo des images impressionnantes et émotionnelles des réfugiés fuyant les zones de conflits au moyen-orient, échouant sur la côte de Lesbos, en Grèce, ou encore ceux arrivant dans les camps immenses de réfugiés en Irak et ailleurs. Ai décrit et interroge ces personnes contraintes au déplacement et recueille leur témoignage. Le réalisateur part également à la rencontre des institutions et associations présentes, le HCR (Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés) et les responsables de Human Rights Watch sur la crise des réfugiés qui représente la plus grande migration depuis la Seconde Guerre mondiale avec 65 millions de personnes déplacées à travers le monde

Ai Weiwei nous parle des camps de réfugiés surpeuplés, les périples en mer à très haut risques, les frontières hérissées de barbelés. On ressent le sentiment de détresse et de désenchantement, mais aussi de leur courage, de leur résilience et de leur volonté d’intégration. Ils évoquent la vie qu’ils ont dû abandonner et l’incertitude absolue d’un avenir meilleur. Nous suivons des femmes et des hommes dans les camps de réfugiés qui luttent tous les jours pour leur survie, mais aussi des visages heureux alors qu'ils prennent un bateau pour se rendre en Europe, en Allemagne, en Suède et ailleurs, les réfugiés prennent des selfies et sourient quelques instants pendant que le bateau traverse l'eau. Les enfants jouent enfin.

Ai fait également un focus sur la migration en Asie et les Rohingyas fuyant la persécution dans l’Etat d’Arakan en Birmanie. Cette population apatride victime d’exaction depuis des décennies a rejoint massivement la Thaïlande, la Malaisie et surtout le Bangladesh en août 2017 avec plus de 650 000 femmes et hommes poussés à quitter leur foyer.

 

Plus qu’un film, « Human Flow » un documentaire en immersion a visé informatif

Ai superpose les images du film par un texte donnant des faits et des chiffres sur les réfugiés, et parfois des fragments de poésie ou de philosophie. Ai est un artiste, pas un cinéaste, et le film a un rythme langoureux, s'attardant souvent sur des individus, des visages, des comportements. Son œil artistique donne une composition de scènes variées et fortes d’une beauté austère. Ai donne une vision immersive de l'expérience tragique des réfugiés : il marche avec les réfugiés dans une longue file humaine sur des routes boueuses, le long des frontières campant aux frontières des pays européens à proximité des voies ferrées, dans l'espoir de se rendre en Allemagne.

Avec l'afflux massif de réfugiés, certaines nations d'Europe de l'Est ont fermé leurs frontières. Les clôtures et murs frontaliers n'arrêtent pas les réfugiés, ce qu'illustre Ai en montrant les multiples points de passage utilisés pas ces vagues migratoires.

 

« Human Flow », un documentaire poignant et humanisant

Le film « Human Flow » ne présente pas beaucoup de nouvelles informations sur la crise actuelle des réfugiés, mais a le mérite de traiter différemment cette catastrophe humanitaire, loin du prisme médiatique. Il permet à l'artiste / activiste de présenter ses propres opinions sur ce sujet et de donner une voix à certains dont la vie a été balayée par les conflits armés, les catastrophes liés au déreglement climatique en humanisant cette vague migratoire.

Ce documentaire nous interroge sur l’une des questions essentielles de notre époque : la société mondialisée parviendra-t-elle à s’extraire de la peur, de l’isolement et du repli sur soi ? Saura-t-elle se tourner vers l’ouverture aux autres, la liberté, l’égalité des droits et le respect des droits de l’homme ?

 

Si ce documentaire vous a donné envie de porter assistance aux personnes en situation précaires de migration, suivez le guide OneHeart

L'association SOS Méditérranée a contribué au documentaire 

 

Voir la bande annonce du film Human Flow :

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