Ver de terre : pourquoi est-il indispensable ?

Publié le 26 avril 2019 (modifié le 20 février 2023 à 22h17)
Par Nicolas MEDINGER
Temps de lecture : 3 mins

Près d’un quart des sols sont épuisés en Europe. Un constat que l’agronome et auteur d' "Eloge du ver de terre" Christophe Gatineau attribue à la disparition des vers de terre. Le passage à l’agriculture intensive a initié ce processus d’extinction et si rien n’est fait, les conséquences pourraient être désastreuses pour l’Homme et sa capacité à se nourrir.

Quand on demande à Christophe Gatineau quelles seraient les conséquences pour l’Homme si les vers de terre venaient à disparaître, il répond que la famine est le scénario le plus probable. La situation actuelle n’incite, d’ailleurs, pas à l’optimisme. Les populations de vers de terre s’effondrent depuis 50 ans, on est passé de 2 tonnes à l’hectare à 50 kg. En cause, nos modes de production agricole qui détruisent la fertilité des sols. Or, "95% de notre alimentation" dépend de ceux-ci précise-t-il.

L’agriculture intensive, destructrice des sols

Le ver de terre ou lombric terrestre est une des espèces dont le rôle reste encore largement sous-estimé par beaucoup. Hubert Reeves déclarait bien que "la disparition des vers de terre est un phénomène aussi inquiétant que la fonte des glaces". Il est le seul animal à pouvoir "labourer biologiquement" la terre, affirme l’agronome. De cette manière les sols restent frais, féconds et productifs. Or, l’agriculture intensive, qui repose sur l’augmentation du rendement des terres cultivables, est en train de détruire les sols et d’accélérer l’extinction du ver de terre.

La monoculture, méthode qui consiste à cultiver qu’une seule espèce de plante, épuise les sols. Afin d’en augmenter le rendement, des quantités gigantesques de pesticides, de fongicides sont répandues sur les cultures et l’effet sur la biodiversité est catastrophique. "Au lieu de nourrir la vie du sol, […] on a nourri les plantes, directement, via la chimie" regrette Christophe Gatineau. En conséquence, le ver de terre « meurt de faim », il ne peut donc plus assurer son rôle de laboureur et les sols deviennent donc de moins en moins fertiles. En ajout à d’autres facteurs, sa disparition a déjà entraîné la perte d’un quart des terres agricoles en Europe du fait de l’érosion.

Comment sauver le ver de terre ?

L’un des principaux leviers d’action se situe au niveau de la sphère politique. Au même titre que les abeilles, les vers de terre ont également droit à ce qu’on les protège. Christophe Gatineau souhaite ainsi leur donner un statut juridique. Toutefois, médiatiser le cas des vers de terre ne suffit plus, il faut agir au plus vite. On parle ici de l’extinction d’une espèce qui représente jusqu’à 80 % de la masse des êtres vivants qui fabriquent la nourriture des plantes. Autrement dit, s’ils disparaissent, c’est tout un agrosystème qui s’effondre.

Concernant le mode de production, la polyculture-élevage peut être une alternative à la monoculture. Ce système associe le végétal (la culture de plusieurs espèces végétales) à l’animal (notamment via la traction animale). C’est un modèle autonome qui repose sur "la fertilisation organique" (engrais issus de matières vivantes) et non sur l’usage des produits chimiques à outrance. On pourrait citer d’autres manières de produire mais ce serait négliger l’importance de l’éducation auprès des jeunes mais aussi auprès des plus grands. Ainsi, ramener "la population vers la culture de la terre" représenterait un pas important dans l’optique de sauver à la fois les sols et les vers de terre.

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