Par leurs déjections, les baleines préservent l’écosystème marin

Publié le 26 novembre 2021 (modifié le 20 février 2023 à 22h22)
Par Julie Marie
Temps de lecture : 3 mins
Des chercheurs de Stanford ont réévalué la quantité de nourriture ingurgitée par certains types de baleines et leur alimentation cachait une très bonne nouvelle : elles mangent trois fois plus que prévu et sont donc encore plus essentielles à la préservation de l’écosystème marin que ce que nous pensions auparavant.

Les baleines mangent trois fois plus que prévu

On savait que les baleines avaient besoin de grandes quantités de nourriture. Il semble cependant qu’on les ait sous-estimées. Une nouvelle étude anglaise publiée le 9 novembre dans la revue Nature souligne que les baleines à fanons (groupe qui comprend les quatre grandes familles de baleines : les rorquals, les baleines grises, les baleines franches et les baleines pygmées) mangent en moyenne trois fois plus de nourriture que prévu. Cette découverte souligne le rôle essentiel sur les écosystèmes marins des baleines, espèce décimée par la chasse. En effet, elles filtrent l’eau de mer à travers leurs fanons et influencent leur écosystème par une immense consommation de proies, mais également en recyclant les nutriments disponibles dans l’océan. Il est cependant difficile d’évaluer précisément l’ampleur de leur rôle sur l’écosystème sans mesurer les taux d’alimentation et les proies qu'elles consomment.

Les chercheurs de l’étude ont suivi 321 baleines pour connaître leurs habitudes alimentaires. Très curieusement, la littérature scientifique ne comportait jusqu’alors aucune étude quantitative précise sur l'alimentation des baleines. Avant l'étude anglaise, nous ne disposions que d’estimations très vagues et la connaissance du métabolisme des baleines était très approximative. Matthew Savoca et son équipe de l’Université de Stanford se sont attelés à la tâche.

De 2010 à 2019, ils ont ainsi installé des dispositifs de pistage sur des baleines pour les suivre à la trace. Ils ont en même temps cherché à quantifier leur alimentation quotidienne. Il en ressort qu’une seule baleine mange 16 tonnes de krill (petits crustacés des eaux froides) quotidiennement, soit l’équivalent de deux éléphants et demi chaque jour ! Cela serait une des clés du fonctionnement des océans.

Le rôle indispensable du krill sur l'écosystème

Le krill est un petit crustacé particulièrement riche en fer qui, une fois digéré et rejeté via les déjections des baleines, fournit un nutriment indispensable à de nombreuses espèces marines, en particulier le phytoplancton. Cette algue microscopique occupe elle-même une place stratégique dans l’écosystème : elle produit « plus de la moitié de l’oxygène que nous respirons [et] approvisionne en nourriture la quasi-totalité des animaux marins », souligne l’Institut français de Recherche pour l’Exploitation de la Mer (Ifremer).

Les baleines, au sommet de la chaîne alimentaire, font donc recirculer les nutriments essentiels et soutiennent toute la chaîne alimentaire en dessous d’elles.

La protection des baleines, une source d’espoir pour l'océan

La restauration des populations de baleine permettrait de relancer un cercle vertueux pour tout l'écosystème marin, mais les grands cétacés sont menacés par beaucoup de facteurs. Changement climatique, chasse encore pratiquée par quelques pays (environ 1,5 million de baleines ont été chassées au 20e siècle dans l'océan Austral), collisions avec des navires ou encore filets de pêche... il est nécessaire de prendre soin de cette espèce qui chouchoute nos océans. « Il y aurait non seulement plus de krill, mais plus de poissons et un écosystème en meilleure santé ! » assure le chercheur.

Les baleines, ces majestueux cétacés, sont donc un rouage essentiel de la chaîne alimentaire de la vie sous-marine. Connaître leur alimentation permettra aux scientifiques de comprendre davantage leur fonctionnement afin de mieux les protéger tout en favorisant leur développement. Cette étude est donc une avancée scientifique majeure dans la préservation des baleines et une excellente nouvelle pour la santé ainsi que la productivité des océans !

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