Lyon : ce lieu dédié au bien-être des femmes, accueille des victimes de la précarité
Situé en plein coeur de la ville de Lyon, Au Tambour ! est le premier lieu d'accueil de jour non-mixte, pour les femmes non accompagnées d'enfants. Grâce à une équipe bienveillante et à l'écoute, ces femmes pour la plupart en situation de précarité, peuvent s'y retrouver et ont accès à des produits d'hygiènes, de la nourriture et des vêtements. Nous nous sommes entretenus avec Anne Kahlhoven, directrice d'Au Tambour !, qui nous parle de ce lieu dédié au bien-être des femmes.
L’hygiène des femmes, principale préoccupation d'Au Tambour !
Suite à un burn out, Anne Kahlhoven décide de changer de vie et de carrière. En 2011, elle se tourne vers le milieu associatif et travaille pendant 5 ans, auprès de la Société Protectrice des Animaux (SPA). C'est au fil de ses rencontres avec des personnes sans-abri et leurs animaux, qu'Anne prend la décision de leur consacrer son temps et son énergie. « Leur situation m’a touchée et l’idée de monter un projet pour les aider a germé dans ma tête », ajoute Anne Kahlhoven, directrice d'Au Tambour !. Une fois son projet lancé, elle s'ingénie à trouver une solution concrète pour aider les personnes, et plus précisément les femmes sans domicile fixe. « J’ai regardé ce qu’il se faisait en France en matière d’hygiène pour les femmes sans-abri et comment elles y accèdent », explique Anne.
Étant donné la complexité du milieu médico-social, elle s'appuie sur de nombreux acteurs de la solidarité, comme les bains douches Delessert - des douches en libre accès pour les personnes en situation de précarité- ou encore l’association Entourage, pour créer une structure. Peu de temps après, sa route croise celle de Lucile Marcelin avec qui elle crée l’association éponyme le 1er juillet 2020. Le local partagé est ouvert trois demi-journées par semaine, du lundi au mercredi, de 14h à 17h. Le reste de la semaine (jeudi et vendredi), il est occupé par le Secours Catholique du Rhône qui a d'ailleurs permis à Au Tambour ! de bénéficier de ce même local : « Le directeur nous (Anne et Lucile) a appelé un jour pour nous faire visiter un local. Comme il ne l’occupait que deux fois par semaine, il nous a proposé de l’utiliser 3 jours par semaine. Évidemment on a dit oui, on a sauté sur cette occasion ! », nous raconte Anne.
Replacer la femme « en tant que personne » au centre du projet
Si des femmes de tous âges et de toutes nationalités sont accueillies, Anne met un point d’honneur à préciser que le local n’admet pas de femmes avec des enfants. « C’est tout simplement pour mettre la femme au centre. Les femmes qui viennent doivent être prises en compte en tant que personne et pas seulement en tant que "mère de" ou "femme de" », nous dévoile Anne. Cette dernière explique qu’il n’existe pas de structure sociale dédiée aux femmes sans enfant : « Être une femme et ne pas avoir d’enfants, ça existe. On est en 2021, on a le droit de ne pas en avoir et de ne pas en vouloir », précise-t-elle.
Publication issue de la page Facebook d'Au Tambour ! Photos d'un atelier manuel organisé pour les fêtes de fin d'année (©AuTambour!)
Depuis l’ouverture, Au Tambour ! a accueilli 84 femmes et a enregistré 440 passages et rien qu'entre janvier et mars 2021, 80 femmes ont été accueillies, soit plus de 320 passages. « En trois mois, on a fait les 6 mois de 2020 », dévoile Anne. Sur place, ces femmes peuvent boire une collation ou manger dans la petite cour située à l'abri des regards. De plus, elles peuvent bénéficier d'une prise électrique pour recharger leur téléphone, mais aussi profiter des douches et des produits d’hygiènes (gel douche, shampoing, rasoirs, serviettes hygiéniques ou crème pour le corps) mis à disposition dans des grands bacs spécifiques. Dans un objectif d'aide, l'ONG Gynécologie sans Frontières rend régulièrement visite aux femmes afin de leur apporter une expertise gynécologique.
« Certaines disent qu’elles retrouvent une famille et qu’elles se sentent en sécurité »
Au-delà du fait de retrouver des produits d'hygiènes ainsi que des collations, ces femmes ont la possibilité de bénéficier d’une oreille attentive et de précieux conseils. « Elles peuvent proposer des idées grâce à "une boîte à idées" que l’on a installée. On veut que ça vienne d’elles aussi », précise Anne. L'une d'entre elles, coiffeuse dans son pays d’origine, a notamment proposé ses services pour celles qui désiraient se faire couper ou colorer les cheveux. Des vêtements issus de dons ou des achats de l’association, sont triés, comme les produits d’hygiène, par l’équipe d’Au Tambour ! et mis à disposition des femmes. « Elles se sentent comme à la maison. Certaines disent qu’elles retrouvent une famille et qu’elles se sentent en sécurité. C’est tout ce qu’on a envie d’entendre », confie Anne.
Pour les soutenir dans leur projet, Au Tambour ! a reçu, en 2020, le précieux soutien de fondations privées telles que la Fondation Abbé Pierre, la Fondation Saint-Irénée, la Fondation Caritas ou encore la Fondation Lila Lanier. En 2021, tous les soutiens devraient être renouvelés à l’instar de la Fondation Lila Lanier qui œuvre quotidiennement pour l’insertion sociale des personnes âgées isolées, en situation de précarité ou de handicap. Pour l'année 2021, Anne Kahlhoven espère consolider l'activité d'Au Tambour ! et souhaite ouvrir plus de permanences, notamment le samedi.
Par Léa Bourgoin