Les lacs "purs" des Pyrénées pollués par des molécules chimiques

Un "cocktail toxique" dans les eaux supposément pures des Pyrénées
Suite à la publication d’une étude révélant la pollution de 258 rivières du monde entier par des molécules pharmaceutiques, une autre étude vient aujourd’hui révéler la présence d’un "cocktail toxique" dans l’eau des lacs d’altitude français qu’on croyait pure et limpide. Des chercheurs toulousains ont arpenté les sommets des Pyrénées afin de déposer des "petites feuilles en silicone"-utiles pour capter les molécules chimiques- dans huit lacs. Relevées une première fois au printemps 2021, puis à l’été suivant, ces petites feuilles ont permis de dresser un constat alarmant. 141 molécules ont été trouvées, une diversité chimique massive et inquiétante composée notamment d’herbicides probablement transportés par le vent depuis les cultures en contrebas des montagnes. Bien que la plupart des concentrations soient faibles, les scientifiques alertent sur la présence de deux molécules qui seraient elles, très toxiques. Il s'agit du diazinon et de la perméthrine que l’on retrouve dans les antimoustiques ou dans les insecticides et insectifuges utilisés pour débarrasser le bétail des puces et des tiques.
Des molécules chimiques disséminées par le bétail
Le duo de molécules toxiques mis au jour par les chercheurs toulousains peut s’avérer particulièrement dangereux pour l’écosystème. Elles sont entre autres responsables de la mort des araignées d'eau. Dans un des lacs analysés, l’étang d’Ayès en Ariège, les traces de diazinon et de perméthrine dépassent largement le taux admis, ce qui inquiète les scientifiques. Ce taux de molécules toxiques se traduirait aussi par la disparition des crustacés microscopiques dans l’eau. « Ces micro-organismes sont un maillon essentiel de l’écosystème des lacs. Leur disparition, en plus des effets du réchauffement climatique, peut entraîner des effets en cascade vraiment très importants comme la prolifération d’algues toxiques », alerte Adeline Loyau, principale responsable de l’étude.
Selon les scientifiques, les molécules insecticides sont disséminées par le bétail lors des estives. En effet, lors de cette période de l’année où les troupeaux paissent sur les pâturages de montagne, bovins et brebis se baignent dans les lacs et se déchargent par la même occasion des molécules chimiques. Les chercheurs toulousains indiquent avoir écrit à une association pastorale afin de lui faire part des résultats de l’étude et lui ont suggéré d’espacer le traitement des bêtes avant la date de montée en estive. Cela pourrait être une solution face à la pollution grandissante des lacs pyrénéens.