Des chercheurs pensent avoir trouvé un moyen d'éradiquer la maladie de Lyme
Une petite bête porteuse d'une grosse maladie
L’étude publiée dans la revue Cell annonce un nouveau traitement capable de traiter de façon ciblée la maladie de Lyme. Comment ? Grâce à un antibiotique découvert dans les années 1950 et oublié depuis : l'hygromycine A.
Transmise par piqûre de tiques, la Lyme -aussi appelée borréliose de Lyme- est une maladie bactérienne. Selon le ministère de la santé publique, chaque année, 50 000 personnes contractent cette maladie en France, dont 893 patients hospitalisés en 2019 suite à cette infection. Si dans la plupart des cas elle ne présente pas de forme grave et peut être traitée rapidement, elle peut en revanche, se développer sur le long terme en l’absence de traitement et entraîner chez l’être humain, différentes pathologies invalidantes comme des paralysies partielles, des réactions cutanées ou nerveuses ainsi que de grandes douleurs articulaires et de l’arthrite…
Un antibiotique à l’efficacité exceptionnelle
Seule une cure d'antibiotiques à large spectre est proposée actuellement pour lutter contre la maladie de Lyme. Malheureusement ce traitement est inefficace chez de nombreux patients et favorise une résistance bactérienne aux antibiotiques et une altération de la flore intestinale. Plusieurs chercheurs américains, dont Kim Lewis, auteur principal de l’étude, pensent donc avoir découvert un moyen plus puissant pour soigner la maladie de Lyme, l’hygromycine A. Cet antibiotique aurait une efficacité « exceptionnelle » contre les bactéries à l’origine de la maladie de Lyme selon Kim Lewis. « Personne ne s’y est intéressé car son efficacité contre les bactéries en général est assez faible. Mais nous avons en revanche constaté qu’il présente une efficacité exceptionnelle contre les spirochètes [NDLR. famille de bactéries incluant la bactérie de Lyme, la Borrelia]. » précise le scientifique.
Pour étudier l’action de l’hygromycine A, l’équipe de chercheurs a mené des essais en laboratoire. En analysant les propriétés de l'hygromycine A, ils sont parvenus à la conclusion que contrairement aux traitements antibiotiques à large spectre qui peuvent agir sur un grand nombre de bactéries et causer une antibiorésistance, elle pourrait soigner la maladie de Lyme.
La prudence est de mise
Si aucun effet secondaire néfaste n’a été observé chez les animaux, il faut tout de même savoir se montrer méfiant face à l'hygromycine A présentée comme "miracle" par les chercheurs selon Matthias Lacoste, président de l’association Le droit de guérir. Ce dernier se montre assez réservé face à l’efficacité de cet antibiotique dans l’éradication de la maladie : « Je ne pense pas qu’il pourra éradiquer la maladie. [L'hygromycine A] est basée sur une seule souche, mais il y en a beaucoup. Il faut qu’il y ait encore tout un travail de recherche autour de cette pathologie ».
La découverte de l'hygromycine A dans le traitement de Lyme apparaît ainsi comme une avancée encourageante pour la recherche. Cependant, comme elle n'a pas encore été testée sur l'homme, il importe de se montrer prudent face à ce possible traitement contre la maladie de Lyme qui évolue chez 10 à 20% des patients en forme chronique.