Certaines fourmis seraient capables de détecter des cancers grâce à leur odorat
Les fourmis capables de reconnaître l'odeur des cellules cancéreuses en une dizaine de minutes
Ce n’est pas la première fois que des scientifiques utilisent l’odorat animal pour repérer des cellules cancéreuses. Les chiens notamment, au flair très développé, peuvent être formés pour déceler entre autres le cancer de la prostate. Mais cette méthode est longue et coûteuse : il faudrait entre six mois et un an d’entraînement par chien et cela coûterait des dizaines de milliers d’euros. C’est en tout cas ce qu’affirme Baptiste Piqueret, auteur principal d’une étude parue le 9 mars 2022 dans la revue iScience, en démontrant que les fourmis ont la faculté de reconnaître l’odeur des cellules cancéreuses bien plus rapidement que les chiens.
Accompagné de scientifiques du CNRS, de l’Université Sorbonne Paris Nord, de l’Institut Curie et de l’Inserm, Baptiste Piqueret se penche sur l’étude des fourmis. Elles sont à la fois capables d’utiliser leur odorat dans leurs tâches du quotidien mais elles sont également dotées d’une capacité d’apprentissage rapide que les chercheurs ont décidé d’exploiter. À partir de l’élevage de Formica fusca, l’espèce de fourmi la plus commune et la plus répandue dans l’hémisphère Nord, les scientifiques ont mis en place des protocoles dits d’apprentissage associatif où une odeur est associée à une récompense : ils ont placé une goutte d’eau sucrée près des d’échantillons contenant des cellules cancéreuses. La fourmi a très vite associé la nourriture à l’odeur particulière des cellules malades. Il ne faut qu’une dizaine de minutes pour que les fourmis apprennent à reconnaître l'odeur des cellules cancéreuses.
Un protocole simple qui ne nécessite pas de matériel coûteux
Lors de l’expérimentation, les chercheurs ont appris à une centaine de fourmis à détecter le cancer des ovaires et deux types de cancer du sein. Dans 95% des cas, les insectes ont réussi à repérer les cellules malades. Si cette méthode était utilisée à grande échelle à l’avenir, les fourmis ne se promèneraient évidemment pas sur le corps des patients, rassure Baptiste Piqueret : « On veut utiliser par exemple de l’urine, de la salive ou de la sueur d'une personne qui a potentiellement un cancer. On n’aura pas de contact direct entre nos fourmis et les patients ».
De plus, le protocole est très simple et ne nécessite pas de matériel onéreux. Néanmoins, le CNRS précise dans un communiqué, qu’il reste encore à évaluer l’efficacité de cette méthode grâce à des tests cliniques sur un organisme humain complet. Pour le moment, des expériences sont en cours avec de l'urine de souris atteintes de cancers.