Smartphone en panne, collants filés... Comment en finir avec l'usure accélérée de nos objets ?

Publié le 8 février 2017 (modifié le 20 février 2023 à 22h15)
Par One Heart
Temps de lecture : 3 mins

Vous l'avez sans doute remarqué : vos collants ne tiennent rarement plus deux utilisations, vos ordinateurs portables plus de deux ans. Comme tant d'autres, ces produits sont en fait victimes d'obscolescence programmée, autrement dit d'une usure accélérée volontairement par les constructeurs. Pourquoi ? Quelles sont les conséquences de cette pratique ? Comment y mettre fin ? Autant de questions auxquelles répond l'ouvrage passionnant "Du jetable au durable. Pour en finir avec l'obsolescence programmée". Nous avons rencontré Laetitia Vasseur, co-auteur du livre avec Samuel Sauvage et Anne-Sophie Novel, tous les trois membres de l'association HOP (Halte à l’obsolescence programmée). 

One Heart : Pouvez-vous nous donner une définition simple de l’obsolescence programmée ?

Laëtitia Vasseur : C'est la volonté de réduire la durée de vie des produits pour que les gens achètent et consomment toujours plus.

L’obsolescence programmée couvre un champs assez large. Ce n’est pas juste une petite pièce qui a été mise au mauvais endroit. L'obsolescence peut être :

-  Technique. Par exemple, votre téléphone sera construit de telle sorte que vous ne pourrez pas enlever le batterie et donc réparer l'appareil.

- Logicielle. Dans ce cas, la machine va quand même fonctionner, mais les mises à jour vont, au bout d'un moment, faire ramer l’appareil et le rendre inutilisable. 

- Psychologique. Cette obsolescence concerne tous les effets de mode qui vont donner envie au consommateur de renouveler toujours plus vite ses biens, alors qu'ils pourraient encore fonctionner. 

Dans votre livre, vous parlez de conséquences désastreuses pour l'économie et l'environnement. Pouvez-vous développer ?

D’un point de vue environnemental, l’obsolescence programmée est catastrophique. Le fait d'accéler la mort des produits engendre des tas de déchets électriques, électroniques, textiles, etc. Or, généralement, certains matériaux ne sont pas recyclables et peuvent être toxiques. Sans compter que le processus de recyclage est énergivore. De même, fabriquer toujours plus de biens, c’est énergivore. D'ailleurs, c'est la phase de fabrication qui a l'impact le plus important sur l'écologie. 

Les conséquences de l'obsolescence programmée sont aussi sociales. Les gens sont obligés de réitérer l’achat. Autant, pour un ordinateur, ils l’ont souvent choisi, mais pas pour un chauffe-eau ou une machine à laver. En plus, les premières victimes sont souvent les personnes en situation de précarité. Elles achètent en priorité des choses peu chères qui sont obsolètes plus rapidement. Donc si on fait le calcul, au final elles payent plus cher.

Et puis, on a tendance à penser que ce modèle n'est pas viable économiquement. Il n'est plus possible, par exemple, de continuer à produire toujours plus alors que les ressources se raréfient. On prône donc un changement de paradigme économique.

Vous proposez beaucoup de solutions dans votre livre. Pouvez-vous nous en donner quelques-unes ?

Les solutions représentent la moitié du livre car nous souhaitions être constructifs et positifs. Les solutions sont à trois échelles :

- À l’échelle individuelle : qu’est-ce que chacun peut faire à son niveau ? C’est-à-dire s’informer davantage, essayer de réparer plus souvent, connaître les bons endroits pour recycler ou réparer, etc

- À l’échelle collective et économique. On ne peut pas lutter contre l’obsolescence programmée si on ne s’attaque pas à la manière de produire et de vendre. L’économie circulaire, l'économie fonctionnelle et l'économie collaborative sont pour nous des alternatives intéressantes pour envisager une économie plus durable.

- À l’échelle juridique et publique. Il faudrait des lois pour inciter, par exemple, à afficher la durée de vie des produits, avoir des garanties plus longues, mettre des pièces détachées à disposition, etc. 

Pouvez-vous nous rappeler ce que sont l’économie circulaire, fonctionnelle et collaborative ?

L'économie circulaire, c'est l’idée d’avoir une économie en boucle. On conçoit un bien pour qu’il soit complètement recyclable ou biodégradable. Ensuite, ce produit est acheté, réemployé s’il peut l’être et, vraiment à sa toute fin de vie, quand on ne peut plus rien en faire, il va être soit recyclé, soit biodégradé. Le but étant d'avoir un impact zéro déchet et que les matériaux soit réinjectés dans la boucle pour créer un autre produit. 

L'économie collaborative repose sur le prêt entre particuliers. Plutôt que d’acheter une machine à raclette, il s’agit de se la prêter entre voisin. 

L'économie de fonctionnalité est surtout appliquée dans les entreprises. Plutôt que d’être propriétaire d'un ordinateur ou d'une photocopieuse, par exemple, l'entreprise les loue à un prestataire extérieur. S’il y a une panne, l'entreprise va revenir vers lui. Donc si le réparateur et le propriétaire sont une même unité, il va avoir intérêt à ce que son produit soit robuste ou dure longtemps. Car s’il y a une panne, c’est lui qui va payer les pots cassés.

"Du jetable au durable. En finir avec l'obsolescence programmée". Collection Manifestô - Alternatives, Gallimard. 160 pages. 15 €. 

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