On vous raconte notre Nuit des idées !

Publié le 28 janvier 2016 (modifié le 20 février 2023 à 22h17)
Par One Heart
Temps de lecture : 4 mins

Le 27 janvier 2016, quelques membres de l’équipe One Heart étaient présents au Quai d’Orsay pour la Nuit des idées. Compte rendu non exhaustif.

Manteaux, bonnets, gants, réservations et cartes d’identité : nous étions prêts pour cette grande Nuit des idées. La soirée, pleine de promesses, était organisée par le Quai d’Orsay et l’Institut français. Laurent Fabius souhaitait « offrir une scène à la circulation internationale des idées à laquelle la France est tant attachée ».

Des envies et une attente...

L’introduction par Rem Koolhaas, architecte, et Bruno Latour, sociologue, portant sur le monde dans lequel nous vivons, s’annonçait exceptionnelle. Bien décidés à nous gorger des mots d’un des plus grands penseurs européens (Bruno Latour), c’est remplis d’envie que nous sommes arrivés devant les grilles du ministère des Affaires étrangères. Ou plus exactement, le long de son mur d’enceinte. Après un angle de rue, tout au bout d’une queue digne d’un concert des One Direction.

Le froid, le vent, la pluie, et deux heures d’attente plus tard, nous pénétrions enfin dans le ministère, transformé pour un soir, en carrefour d’échanges et d’idées. Autour de nous des salons dorés aux lustres étincelants, des tapisseries d’Aubusson, des fauteuils Louis XV… Un luxe époustouflant. « Un cadre grandiose, pour une nuit grandiose » pensait-on.

Une nuit et des Lumières

Notre première conférence traitait de la place de la philosophie des Lumières dans notre société actuelle. Devait-on, en ces temps troublés par le terrorisme, revenir à une pensée proche de celle des Lumières ? Le débat entre les deux philosophes Michaël Foessel et Srećko Horvat fut passionnant. Le procès fut instruit avec brio. Au rang des accusés : les Lumières.

La rencontre entre un penseur français et son homologue croate ne manquait pas de pertinence, chacun ayant une vision différente de l’héritage laissé par Rousseau, Kant, ou Locke. Pour les amateurs, nous ne serions que trop vous conseiller le dernier livre de Michael Foessel : Le Temps de la consolation paru aux Editions du Seuil.

Quelle justice pour quel avenir ?

La suite ? Une rencontre sur l’avenir de notre justice. Les deux intervenants sont exceptionnels : Robert Badinter et Stephen Breyer (membre de la Cour Suprême des Etats-Unis). Laurent Fabius n’imaginait pas une Nuit des idées, sans l’ancien garde des sceaux. Lorsque ce dernier accepta, le ministre lui demanda avec qui souhaiterait-il débattre. L’hésitation ne fût pas longue : « Stephen Breyer, un ami de toujours ».

Le moins que l’on puisse dire est que le choix fut judicieux et la rencontre passionnante. Les deux amis ont développé des problématiques liées à la justice en période de guerre ou de terrorisme. Robert Badinter rappelait qu’en ces moments : « L’Etat de droit ne saurait être l’Etat de faiblesse ». Signifiant par là, que rien ne justifie que l’on délègue, sans contrôle, les pleins pouvoirs à l’exécutif, peu importe la menace. La justice doit rester la gardienne des libertés fondamentales et des droits de l’homme. Il a également appelé de ses vœux la création d’une justice européenne unifiée, précisant que seule une réponse mondiale serait efficace contre un terrorisme mondial.

Stephen Breyer, quant à lui, a cité La Peste de Camus. Le but n’était pas de démontrer sa parfaite connaissance de la langue française, mais d’illustrer le propos. Les pestiférés, une fois guéris, gardaient en eux une trace du bacille de la peste, prête à se réactiver à tous moments. Pour Camus cette maladie c’est le nazisme. Bien que le mouvement ait été détruit, il reste toujours dans la société une trace ineffaçable qui ne demande qu’à refaire surface. Cette métaphore est transposable à tous les mouvements de haine. Le juge rappelait que la justice est l’un des meilleurs moyens de lutter contre la réactivation des cotés sombres de l’humanité.

Une fin de soirée spirituelle

La soirée s’est achevée pour nous avec la conférence traitant de la spiritualité dans notre monde et celui de demain. Rencontre entre le politologue Olivier Roy et Souleymane Bachir Diagne, philosophe sénégalais. Un débat sur la liberté religieuse comme droit de l’homme et la nécessité de laïcité… Passionnant !

En conclusion, la nuit fut belle est foisonnante. Nous ne pouvons que nous réjouir de la foule de participants, et notamment du très grand nombre de jeunes. Il est cependant regrettable que l’organisation n’ait pas prévu cette affluence massive. Les salles ne pouvaient contenir qu’une centaine de places. Nous étions entassés, assis par terre, sous des tables, derrière des rideaux de velours rouge, regardant sur des écrans ce qu’il se passait dans la salle voisine.  Et pour diner me direz vous ? Les deux food-trucks installés pour l’occasion se retrouvaient bien seuls devant la masse des ventres vides !

Petite suggestion pour la prochaine fois : faire la même chose mais ailleurs !

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