Made in Bangladesh, le combat d’ouvrières du textile pour fonder un syndicat

Publié le 4 décembre 2019 (modifié le 20 février 2023 à 22h18)
Par One Heart
Temps de lecture : 3 mins

Inspiré de l’histoire de Daliya, ancienne syndicaliste, Made in Bangladesh retrace le parcours de Shimu, 23 ans, ouvrière dans une usine textile à Dacca au Bangladesh. Dans son film, la réalisatrice Rubaiyat Hossain met en lumière les difficiles conditions de travail rencontrées par Shimu et ses collègues qui décident de s’unir pour monter un syndicat.


Mise en lumière sur l’industrie textile au Bangladesh


En 2013, l'immeuble du Rana Plaza, haut de 8 étages abritant 6 usines textiles dans la banlieue de Dacca au Bangladesh, s’effondrait. Ce tragique événement causait la mort de 1 138 ouvriers et en blessait près de 2 000, remettant ainsi en cause des conditions de travail indignes : immeubles surchargés, construits sans permis et dépourvus d’équipements élémentaires de sécurité, installations électriques défectueuses et dangereuses. L’effondrement du Rana Plaza a permis de mettre au jour les dessous de la fast fashion, cette mode jetable à petits prix que l’on retrouve chez les grandes marques occidentales telles que H&M, Primark, Calvin Klein... Suite à ce drame, les organisations syndicales et de défense des droits humains locales se sont mobilisées pour que les multinationales et les pouvoirs publics prennent leurs responsabilités et évitent que des drames similaires ne se reproduisent.


En mars 2017, l’Assemblée Nationale vote la « loi relative au devoir de vigilance des sociétés mères et des entreprises donneuses d’ordres », une loi qui exige des grandes entreprises françaises qu’elles vérifient et préviennent les risques d’atteintes aux droits humains et à l’environnement qui résulteraient de leurs activités et leurs filiales, fournisseurs et sous-traitants, en France comme à l’étranger.


Des conditions de travail indignes aux salaires dérisoires, des droits des travailleurs bafoués à l’émancipation de la femme, Made in Bangladesh aborde des problématiques fondamentales auxquelles sont confrontées Shimu et ses collègues dans l’usine dans laquelle elles travaillent à Dacca.


Vers une émancipation des femmes


Ce qui a frappé Rubaiyat Hossain, réalisatrice de Made in Bangladesh « c’est qu’avec un salaire dérisoire, des conditions de travail difficiles, un combat permanent contre l’autorité patriarcale, ces femmes se sont autonomisées [...] Ce ne sont pas des victimes, ce sont des moteurs de changement ».


Ainsi dans Made in Bangladesh, on voit des femmes qui se battent pour leurs droits, qui fuient les mariages forcés, des femmes fortes qui ne se laissent pas faire malgré l’oppression qu’elles subissent, des femmes qui s’affirment tout en restant humbles et simples, des femmes déterminées malgré toutes les difficultés qu’elles rencontrent, des femmes qui s’entraident. « Shimu se bat contre les excès du capitalisme et de l’islamisation et invente ce que peut être une vie de femme dans son pays : elle fait ses prières mais elle aime danser, lutte pour créer un syndicat mais elle le fait à sa manière », explique la réalisatrice.


Tantôt joyeux, tantôt sérieux, mêlant à la fois émotion et indignation, Made in Bangladesh ne laisse pas insensible et appelle à prendre conscience des difficiles conditions de travail de milliers d’ouvriers et ouvrières au Bangladesh. En revanche, comme le souligne Rubaiyat Hossain, la solution n’est pas de boycotter les grandes marques : « Dire que l’on n’achètera plus de vêtements de telle ou telle marque à cause de cela, c’est exactement ce que ne souhaitent pas les ouvrières; Ce n’est pas une solution ».

 


Quelques victoires… encore trop faibles


Depuis le drame du Rana Plaza, le ministère du travail a annoncé en décembre 2018, une revalorisation du salaire minimum mensuel à hauteur de 8 000 taka (82€) contre 5 300 taka (54€). En janvier 2019, de nombreuses personnes sont descendues dans les rues pour demander une hausse des salaires, causant le licenciement de milliers de grévistes.

« Il y a eu quelques avancées comme une hausse des salaires. Je pense que les conditions de travail et les règles de sécurité se sont améliorées. Les négociations continuent néanmoins entre les ouvriers(e)s et les patrons des usines pour aller encore plus loin ».

 

Made in Bangladesh sort en salle le 4 décembre 2019. Nous vous faisons gagner 3x2 places pour aller le voir. Pour cela, envoyez-nous un mail à contact@oneheart.fr. Le tirage au sort aura lieu le jeudi 12/12.

Envie de recevoir de bonnes ondes ?

Inscrivez-vous à notre newsletter et recevez chaque semaine de nouvelles façons d'agir à votre echelle !