Gisèle Halimi, figure emblématique du droit des femmes, est décédée

Publié le 29 juillet 2020 (modifié le 20 février 2023 à 22h18)
Par One Heart
Temps de lecture : 3 mins

La grande avocate et militante du féminisme français Gisèle Halimi s’est éteinte mardi 28 juillet à l'âge de 93 ans. « Elle s'est éteinte dans la sérénité, à Paris », a déclaré l'un de ses trois fils, Emmanuel Faux. 

 

Un engagement féministe depuis toujours


Zeiza Gisèle Elise Taïeb naît le 27 juillet 1927 dans le quartier de la Goulette, à Tunis. Ses parents mettront des jours à annoncer sa naissance parce que naître fille dans une famille juive tunisienne en 1927, c'est « un peu une malédiction », dira-t-elle. 

Elle réalise sa première action féministe à l’âge de 10 ans : elle fait une grève de la faim pour s’opposer aux tâches ménagères dont elle est chargée et dont ses frères sont exemptés. Ce sera sa première victoire. Quelques années plus tard, à 16 ans, elle s’opposera au mariage que lui impose sa famille avec un homme de 20 ans de plus qu’elle. Elle prend alors la direction de la France et part étudier le droit à Paris. Elle reviendra ensuite à Tunis pour s’inscrire au barreau en 1949 et c’est à partir de cette date que démarre son véritable engagement. 

Ses premières grandes actions de militante féministe ont lieu en 1971 lorsqu'elle fonde avec Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir, l'association pour le droit à l'avortement "Choisir la cause des femmes". La même année, Gisèle Halimi signe le célèbre manifeste des 343 femmes disant publiquement avoir avorté, un acte inédit et moderniste pour l'époque. 


Le procès de Bobigny, début du combat vers la criminalisation du viol et la libéralisation de l’avortement


En 1972, Marie-Claire, une jeune fille de 16 ans, et sa mère qui l'a aidée à faire un IVG, sont poursuivies en justice. La jeune adolescente a été violée et est tombée enceinte. Sa mère n’ayant pas les moyens de l’envoyer en Angleterre pour la faire avorter, elles réaliseront un avortement clandestin dans des conditions sanitaires désastreuses. Désespérées, la mère et la fille demanderont à Gisèle Halimi de les défendre. La militante féministe accepte et le procès débute à Bobigny. Au cours de ce dernier, seule debout devant plusieurs hommes, l’avocate clamera : « Monsieur le président, messieurs du tribunal, je ressens avec une plénitude jamais connue à ce jour un parfait accord entre mon métier qui est de plaider, qui est de défendre, et ma condition de femme ». À la fin du procès, Marie-Claire est relaxée, sa mère condamnée mais dispensée de peine. Ce procès marque une étape cruciale vers le droit à l’IVG. 


Démarre alors une nouvelle lutte féministe, celle de reconnaître le viol comme un crime. En 1978, à Aix-en-Provence, Gisèle Halimi défend deux nouvelles femmes victimes de viol qui ont porté plainte contre trois hommes. L’affaire est un succès pour l’avocate féministe qui obtient la condamnation des trois hommes. Ces deux procès aboutiront à la loi de 1980, qui reconnaît enfin le viol comme un crime. 

 

En plus de son engagement féministe, l’avocate franco-tunisienne avait une passion pour l’écriture. Elle a ainsi écrit pas moins d'une quinzaine de livres tout au long de sa vie.

 

 

Par Chloé Sappia

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