Gadhimai : la cérémonie de sacrifice des animaux encore pratiquée

Publié le 18 décembre 2019 (modifié le 20 février 2023 à 22h18)
Par One Heart
Temps de lecture : 3 mins

Depuis plus de 260 ans, les Indiens organisent la cérémonie de Gadhimai pour glorifier la déesse du même nom. Un sacrifice rituel auquel sont soumis toutes sortes d’animaux : des buffles, des cochons, des pigeons, des rats ou des chèvres qui se comptent par centaines de milliers


Une question de chance et de malchance 

Ces sacrifices dédiés à la déesse hindoue de la puissance Gadhimai, se déroulent près du temple de Gadhimai, à Bariyarpur, au sud du Népal, à la frontière indo-népalaise. Durant deux jours, à la fin du mois de novembre, des animaux sont abattus, offerts en sacrifice à la déesse afin qu’elle mette un terme aux malheurs des croyants et leur accorde la félicité.

J’avais quatre soeurs. Il y a huit ans j’ai souhaité avoir un frère et la déesse nous a bénis de sa présence”, explique Priyanka Yadav à la BBC Népal. 

Ce rituel débute il y a 265 ans. Pour certains, il remonte aussi loin que 900 ans. Dans la mythologie hindoue, tout commence avec Bhagwan Chaudhary, un propriétaire féodal ou un simple villageois, selon les versions. Par un concours de circonstances, Bhagwan Chaudhary se retrouve emprisonné. C’est là qu’intervient la déesse Gadhimai : en échange de sa libération, elle demande un sacrifice humain.

Bhagwan Chaudhary, magnanime, offrit sa vie, sachant qu’il ne pourrait pas accomplir de sacrifice humain. A la place, il a promis un quintuple sacrifice tous les cinq ans. Cela inclurait un rat, un cochon, un coq, une chèvre et un buffle. 
Ce rituel a échoué et les enfants et les jeunes de Bariyarpur sont soudainement tombés malades et ont commencé à mourir. [...] Un villageois de Smiri est venu à la rescousse et a proposé de verser cinq gouttes de son sang pour le sacrifice, au lieu de sa vie. Le village fut alors sauvé du désastre”, raconte l’auteur Ravi M. Singh.

Le sacrifice animal a alors perduré jusqu’à nos jours, pour continuer à avoir les faveurs de la déesse.


Un rituel qui doit cesser 

En 2009, le nombre de sacrifices était estimé entre 300 000 et 500 000 animaux, toutes espèces confondues. Cinq ans plus tard, en 2014, le chiffre était de 30 000. Cette année on dénombre pas moins de 200 000 animaux sacrifiés.

Ces sacrifices, qui réunissent jusqu’à 4 millions de personnes venues d’Inde et du Népal, devaient prendre fin. En 2015, sous les appels répétés des associations de défense des animaux, le Gadhimai Temple Trust avait annoncé vouloir mettre fin à ce massacre. 
Toutefois, il semble que la décision ait été remise en question étant donné que la cérémonie de 2019 a eu lieu.

L’association Animal Equality s’indigne du traitement réservé aux animaux sacrificiels : “Ceux qui pratiquent les sacrifices le font sans expérience et avec des instruments inadéquats. Les animaux souffrent d’une mort lente et horrible. Les plus grands et ceux qui ont le plus d’énergie pour s’échapper, sont poursuivis. Une fois rattrapés, on leur coupe les pattes arrière pour les immobiliser".

Pour tenter d'empêcher les animaux d'atteindre le temple au Népal, l’ONG Humane Society International a effectué un travail en amont avec les autorités indiennes : “Nous avons travaillé avec le gouvernement du Bihar, d’où sont principalement transportés les animaux, afin de mettre en œuvre l’ordonnance de la Cour suprême de l’Inde obtenue en 2014 interdisant le transport d’animaux par la frontière. Car une fois que les animaux ont atteint Gadhimai, aucun de nous ne peut faire quoi que ce soit le jour du sacrifice : c’est pourquoi tous nos efforts sont concentrés avant le massacre”, explique Wendy Higgins, porte-parole de l’ONG, au site 30 millions d’amis. 

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