“Pour Sama” : voyage au cœur de la guerre

Publié le 8 octobre 2019 (modifié le 20 février 2023 à 22h18)
Par One Heart
Temps de lecture : 3 mins

Il est difficile de vraiment comprendre ce qu’est une guerre si elle n’est pas vécue de l’intérieur. Waad El Kateab, jeune journaliste syrienne, réussit pourtant l’exploit de décrire l'indicible, sans filtre, sans recul, le corps et l’esprit noyés dans l’immédiateté du conflit syrien.


Des images pour dénoncer...

Ce documentaire, c’est l’histoire d’une étudiante, d’une épouse, d’une maman au milieu de la grande Histoire. 

Waad commence son périple filmique, avec les moyens du bord. Au début des manifestations, en 2011, les téléphones deviennent des armes de défense, des boucliers pour contrer la désinformation générée par le gouvernement syrien. “Dans les journaux télévisés, on ne parlait pas de manifestants, mais de terroristes. A l'université, il n'y avait pas de médias pour expliquer la situation. L'idée était de prendre son téléphone et de documenter ce qu'on voyait”, confie-t-elle au quotidien l’Express.

La révolution pacifique du peuple syrien se transforme très vite en guerre civile, dont les victimes collatérales se comptent par dizaines de milliers. Waad et son mari, Hamza Khatib, médecin et à la tête d'un hôpital en sur-activité, vivent à Alep et décident d’y rester malgré l’épée de Damoclès au dessus de leur tête.

Le documentaire expose une réalité crue, une réalité brutale, une réalité nue.
Il montre des personnes qui ne veulent pas la guerre mais qui la vivent, qui la subissent.
Il alterne entre des séquences haletantes et effroyables, où l’on craint pour la vie des protagonistes et de courts moments de quasi félicité, même si le danger rôde aux portes des maisons, des magasins et des hôpitaux encore en service.

Les gens partagent pourtant de l’amour, de l’humour ; ils essaient tant bien que mal de dédramatiser la situation pour qu’elle soit plus facile à accepter. Entendre quotidiennement des bombardements, voir des enfants, des nourrissons déchiquetés par les impacts de bombes, tel est le quotidien de Waad, son mari, son entourage et tous les habitants d’Alep.
Le blanc et le bleu blafards des murs du dernier hôpital de la ville, fondé par Hamza, côtoient le vermillon du sang qui macule les blessés, les tables d’opération, les lits et l’uniforme des chirurgiens. 

 

... des images pour testament

Puis, débarque dans la vie de Waad, l’innocence, la candeur, l’humanité immaculée de toute violence : sa fille Sama. En arabe, “sama” signifie le ciel. Un symbole d’espace, alors que les Syriens sont confinés entre les gravats de la ville. Un signe de liberté, alors que les Syriens ne peuvent parler sans risquer leur vie. Un bleu doux et tendre qui vient effacer le gris des murs et le rouge des corps. 

Ces images que capturent les lentilles de la caméra, Waad les lègue à sa fille. Une lettre pour lui expliquer le choix qu’ont fait ses parents de rester malgré le risque, malgré la menace, pour lui expliquer le refus de quitter son chez-soi, même s’il est en ruine, même s’il est anéanti. 

Aujourd’hui à Londres, Waad et Hamza continuent leur combat. Rien ne saurait arrêter cette femme pleine de résilience qui se bat pour sa fille et pour son peuple.

Le documentaire sortira en salle le 9 octobre 2019.

Crédit : ITN Productions

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