Une caméra cachée dénonce le mariage forcé au Liban
Une caméra cachée, tournée au Liban par l’ONG Kafa, dénonce la sombre réalité des mariages forcés.
Un couple se prend en photo sur le bord de mer. Lui dans son costume, elle dans sa robe blanche. Ils viennent de se marier. Il est heureux d’avoir enfin trouvé l’amour, ses cheveux grisonnent. Elle ne partage pas cette joie. Elle n’a que 12 ans.
Voilà le point de départ de cette caméra cachée, réalisée en plein Beyrouth par Kafa, une ONG pour le droit des femmes et des enfants. Deux acteurs campent le rôle d’un couple fraichement marié. L’objectif de l’organisation ? Interpeler le public sur la réalité du mariage forcé au Liban et dans le monde.
Une vidéo choquante
A la vue de cette séance photo pas comme les autres, les réactions ne se font pas attendre. Une foule de passants prend très vite à partie le marié : « tu ressemble à son grand-père ». Quand ce dernier rétorque qu’il a l’autorisation des parents de la jeune fille, les réponses fusent « ses parents sont des criminels », « elle pourrait être ta fille ». Une joggeuse refuse même de partir et d’abandonner la fillette à son sort : « je l’emmène avec moi, nous allons tous l’emmener avec nous » !
La vidéo connaît un grand succès avec plus de 2 millions de vues, dans un contexte particulier au Liban où cette forme d’union se multiplie. Selon Kafa, l’augmentation récente des mariages forcés correspond à la vague migratoire succédant à la guerre civile syrienne. Pour obtenir des papiers en dehors de la Syrie, de nombreuses petites filles sont mariées de force.
Un fléau mondial
Selon l’ONU, le mariage des mineures concerne 41 000 jeunes filles chaque jour à travers le monde. Si la tendance actuelle se poursuit, plus de 140 millions de fillettes seront mariées d’ici à 2020. En résumé, une jeune fille sur trois sera mariée avant ses 18 ans. « Le mariage des enfants (…) les oblige à quitter l’école, et les expose à des risques accrus de violence, d’abus, de maladies ou de décès », explique l’organisation.
La lutte quotidienne de Plan International
Le mariage forcé prive d’éducation un très grand nombre de jeunes filles. Et c’est par l’éducation que Plan International lutte sur le terrain contre cette pratique d’un autre âge. A travers sa « campagne mondiale pour l’éducation des filles », l’association a pour but de permettre à 4 millions de filles de s’instruire d’ici fin 2016.
Pour atteindre cet objectif, elle mène des actions de sensibilisation du public aux inégalités de droits qui empêchent 62 millions de filles d’accéder à l’enseignement, et des actions de collecte de dons afin de financer des projets sur le terrain dédiés aux filles.
Depuis avril 2014, l’association poursuit un programme de lutte contre le mariage précoce des filles en Chine. Elle mène des actions de sensibilisation auprès des adolescents, principalement des filles et de leurs communautés, pour promouvoir leur droit à l’éducation et les protéger contre le mariage précoce.
Elle crée des clubs d’enfants au sein des écoles afin que les enfants apprennent leurs droits et puissent les revendiquer. Elle délivre également des bourses d’étude aux adolescents, filles et garçons, afin de les inciter à aller à l’école et ainsi à retarder l’âge de leur mariage.
Pour soutenir Plan International et l’éducation des filles, cliquez sur le lien en bas de page.
Une démarche utile
Certaines associations françaises traitent également du sujet. C’est le cas de la Fédération nationale GAMS, engagée dans la lutte contre toutes les formes de violences faites aux femmes et aux filles.
Sa directrice générale, Isabelle Gillette-Faye, juge la démarche très utile. « Le mariage précoce, tout le monde est contre à priori, explique-t-elle. Mais la problématique peut sembler lointaine. Quand on confronte le public à des images bien réelles - cet homme âgé et cette fillette en robe de mariée - il est choqué. Ça pourrait être leur propre fille, nièce ou petite fille. La vidéo place la scène en milieu urbain, ce qui augmente la sensation de proximité ».
Sur le terrain, la Fédération nationale GAMS mène des actions de prévention en milieu scolaire et de formation de professionnels pouvant être confrontés au mariage précoce.
L'association
Fédération nationale GAMS
Les actions
La Fédération nationale GAMS est engagée dans la lutte contre toutes les formes de violences faites aux femmes et aux filles et plus particulièrement :
- les mutilations sexuelles féminines
- les mariages forcés et/ou précoces
- les autres pratiques traditionnelles néfastes à la santé des femmes et des filles
Vous êtes concerné-e- par de telles situations – victime ou menacé-e- de l’être-, la Fédération nationale GAMS vous informe, vous soutient, vous accompagne (gratuitement et anonymement).
Vous êtes confronté-e- à de telles situations dans votre environnement familial ou scolaire, dans le cadre de votre activité professionnelle, de votre vie associative ou sociale, la Fédération nationale GAMS vous conseille et mène des actions de sensibilisation, de prévention et de formation.
Avec vous, pour vous, la Fédération nationale GAMS combat les atteintes intolérables aux droits humains fondamentaux et à l’intégrité des femmes.
De toutes les femmes. De toutes les filles. Contactez-nous, rejoignez-nous !