Pourquoi le Congrès mondial de la nature est-il important pour relever les défis environnementaux ?

Publié le 9 septembre 2021 (modifié le 20 février 2023 à 22h20)
Par One Heart
Temps de lecture : 4 mins

Le 3 septembre s'est ouvert à Marseille, le Congrès mondial de la nature. Pendant 9 jours, des personnes du monde entier incluant des experts en sciences ou encore en pratique de conservation, se réunissent pour définir les priorités et guider les actions de conservation et de développement durable. Organisé par l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature, il a lieu tous les quatre ans. On vous explique pourquoi il est si important et quels sont les principaux enjeux de cette édition marseillaise. 

 

Le Congrès mondial de la nature : qu’est-ce que c’est ?

L’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) est une union unique de gouvernements et d’organisations non-gouvernementales. Bénéficiant du statut officiel d’Observateur des Nations Unies, elle offre aux associations, aux organisations publiques et privées, les connaissances et les outils nécessaires pour que le développement économique et la conservation de la nature se réalisent en harmonie. Créée en 1948, l’UICN s’est agrandie au fil des années pour devenir le réseau environnemental le plus important et le plus diversifié au monde.

C’est grâce à sa capacité à rassembler les diverses parties prenantes, à apporter les dernières connaissances scientifiques et des recommandations objectives, et à son expertise de terrain, que l’UICN mène à bien sa mission d’informer et de valoriser les efforts de conservation dans le monde. Elle offre tous les quatre ans, un lieu de débat neutre autour du Congrès mondial de la nature, où acteurs publics, privés du monde entier peuvent travailler ensemble à l’élaboration et à la mise en œuvre de solutions pour lutter contre les défis environnementaux. Contrairement à la Conférence des Parties (COP) où seuls les États votent, au Congrès de l’UICN les décisions sont adoptées conjointement par les États et les ONG. C’est aussi un congrès scientifique qui mobilise un réseau de plus de 15 000 experts du monte entier.

Après Hawaï aux États-Unis en 2016, le Congrès mondial de la nature a lieu à Marseille du 3 au 11 septembre 2021.

 

Des effets concrets pour la protection de la nature

Comme l’explique Sébastien Moncorps, directeur du comité français de l’UICN, sur un tchat du Monde, le Congrès mondial de la nature a déjà prouvé son efficacité dans les prises de décisions concrètes pour sauvegarder l’environnement. C’est par exemple « à la suite d’une recommandation d’un congrès de l’UICN qu’une convention internationale sur le commerce des espèces menacées a été adoptée. Elle a entraîné la fin du trafic illégal de fourrure de félins (tigre, panthère) et l’adoption d’un moratoire sur le commerce de l’ivoire ».

Cette mobilisation mondiale récurrente a également permis d’agrandir le réseau des espaces protégés (parc nationaux, réserves naturelles…) sur terre et en mer, et plusieurs espèces ont été sauvées. On peut citer comme exemple sur notre continent : la protection de la loutre d’Europe, la réintroduction des vautours dans les Cévennes et dans les Alpes, celle du bouquetin dans les Pyrénées… Grâce à la dernière liste rouge mondiale des espèces menacées de l’UICN, et à l’instauration de quotas de pêche suffisamment tôt (en 2014), le thon rouge de l’Atlantique n’est plus menacé.

 

Quels sont les enjeux ce Congrès mondial de la nature à Marseille ? 

Le président Emmanuel Macron voit dans le congrès une étape décisive pour fixer les objectifs de biodiversité pour les décennies à venir. Aucun pays hôte antérieur n’a accordé au Congrès un rôle aussi important dans son agenda. L’UICN a préparé 128 recommandations à adopter. Le timing du congrès est important car il a lieu un mois avant la Convention des Nations Unies sur la biodiversité qui aura lieu en Chine. Les résultats du Congrès guideront les sujets abordés et les objectifs fixés lors de la Convention au cours de laquelle les gouvernements fixeront un nouveau cadre mondial pour la biodiversité.

Lors de cette édition marseillaise, le sujet des peuples autochtones est largement traité. Ces derniers, bénéficiant depuis 2016 d’un statut spécifique au sein du congrès, ont pu pour la première fois, présenter une motion ; ils ont demandé la protection de 80 % de l'Amazonie d’ici 2025. Ils ont par ailleurs lancé un programme d’action autonome qu’ils ont présenté lors du sommet.

La nécessité de transformer le système financier mondial et d’orienter les investissements vers des projets respectueux de l’environnement est un point qui est également débattu pendant ce congrès. Ce sujet fait écho à l’appel à investir dans la lutte contre le changement climatique lancé par les rédacteurs en chef de plusieurs revues scientifiques internationales, dont The Lancet. Les dirigeants des États doivent par ailleurs, limiter le financement d’activités destructrices de la biodiversité (exploitation minière et pétrolière, agriculture intensive, surpêche, déforestation et défrichement…).

 

Les citoyens fortement mobilisés

Le congrès réunit donc beaucoup de dirigeants et décisionnaires du monde, mais pas que ! Pour la première fois, des zones dédiées au grand public sont déployées, permettant aux citoyens de partir à la rencontre d'acteurs du changement. Pendant 9 jours, il est ainsi possible de parler "économie circulaire", "gestion de déchets" sur l'immense stand de Waste we can situé dans les Espaces Générations Nature.

Rappelons encore qu'à l’échelle du citoyen, notre rôle est important aussi. On peut effectivement jouer sur son mode de consommation (produits bio, bio certifié, jardin sans pesticides, etc.) et avoir un engagement citoyen (soutenir des actions, et y participer, avec les associations de protection de la nature, convaincre son entourage et ses élus).

 

 

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