Polynésie : la France souhaite tourner la page du nucléaire

Publié le 24 février 2016 (modifié le 20 février 2023 à 22h15)
Par Association 193
Temps de lecture : 3 mins

A l’occasion de son voyage en Polynésie française, François Hollande a reconnu les graves conséquences des essais nucléaires français menés dans l’archipel pendant 30 ans.

Des colliers de fleurs, des chants traditionnels, des ukulélé et un bol de kava. Il ne manquait rien pour l’arrivée de François Hollande en Polynésie Française. Pas même, les nombreux manifestants venus dénoncer les essais nucléaires menés par la France de 1966 à 1996 sur plusieurs iles de l’archipel.

Le président de la République ne pouvait plus y échapper. Lors de son déplacement à Papeete, lundi 22 février 2016, François Hollande a reconnu que les essais nucléaires menés, notamment au niveau des atolls de Mururoa et Fangataufa, « ont eu un impact environnemental », entrainant « des conséquences sanitaires ». Un pas en avant pour les polynésiens considérant que ces essais sont la cause de nombreux cancers. Cependant certaines associations de victimes attendaient des excuses qui ne vinrent jamais.

Les promesses de la France

Le chef de l’Etat a annoncé une amélioration du traitement des demandes d’indemnisation des victimes des tests. La loi Morin, du 5 janvier 2010, n’a permis de faire aboutir qu’une vingtaine de dossier sur mille reçus.

La « dette nucléaire » est une dotation annuelle qui visait à compenser la perte d’activité économique engendrée par la cessation des tests. « Son niveau sera, des 2017, rétabli à plus de 90 millions d’euros » ajoute François Hollande. « Les conséquences environnementales devront également être traitées », poursuit-il. L’Etat achèvera « le démantèlement des infrastructures et la dépollution de l’atoll de Hao », alors que ceux de Moruroa et Fangataufa seront placés sous « vigilance méticuleuse ». Enfin, un crédit de 5,86 millions d’euros sera débloqué au bénéfice du service oncologie du centre hospitalier territorial.

Une annonce décevante

L’association 193 défend depuis de nombreuses années les victimes des essais nucléaires. Elle a salué un « pas important ». « La France reconnaît l’histoire du fait nucléaire, c’est déjà très bien, mais ce n’est pas suffisant, a réagi son président, le père Auguste Carlson. Il faut que la France considère cette histoire des essais nucléaires comme un véritable drame pour la santé de ce pays, et à partir de là, entamer des démarches, surtout par rapport au nombre de cancers que nous voyons dans ce pays ». Il estime que le François Hollande « n’a pas du tout été précis. Il a simplement dit qu’il y avait un ajustement qui allait favoriser les indemnisations mais en quoi cela consiste, là il n’y a pas d’indications ».

Le point de vue de YAK

Nous continuons notre semaine en compagnie de YAK, le dessinateur d’Elyx. Il rappelle qu’à l’époque de ces essais nucléaires, « le storytelling jugeait la dissuasion nucléaire, plus qu’acceptable, nécessaire. Cette nécessité était justifiée par la peur, celle de se faire attaquer, celle d’une nouvelle boucherie, juste après la guerre froide ».

« La mère de la bombe atomique, c’est la peur. Pour que le monde accepte de se séparer de la force nucléaire, il faut faire disparaître cette émotion omniprésente. Elyx, par son sourire, par ses messages, œuvre quotidiennement à faire disparaître cette peur de nos vies », conclut-il.

Dessin réalisé pour www.demainleclimat.fr et la Sorbonne Université (UPMC)

L'association

Association 193

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Les actions


L'association 193 poursuit cinq objectifs principaux :

Mener des actions pour la préservation de la mémoire historique des 193 essais nucléaires réalisés en Polynésie française, pour que l’on n’oublie pas ; la date du 02 juillet 1966 restera la date de référence.

Saisir et sensibiliser les autorités compétentes pour que le programme scolaire enseigné en Polynésie française, tienne compte de cette période liée au nucléaire et que les enseignants, par conséquent, reçoivent une formation adéquate.

Encourager et soutenir les actions et manifestations locales, nationales et internationales relatives à la thématique du nucléaire et ses conséquences.

Mener des actions auprès des autorités publiques permettant aux populations polynésiennes, l'obtention d’une demande de pardon de la France et réparation qui en suit, dans un sens du bien commun : la présence de médecins spécialisés, le soutien du système de santé en général, et l’accompagnement financier relatif aux frais médicaux générés par les retombées directes et indirects des essais nucléaires.

Apporter une attention préférentielle vis à vis des populations démunies résidentes des îles ayant servi de site expérimental et à celles situées à proximité en leur apportant notre soutien dans le combat d’une juste réparation. => devoir de solidarité 


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