Mathias Malzieu raconte son combat de « Vampire en pyjama »

Publié le 29 janvier 2016 (modifié le 20 février 2023 à 22h15)
Par One Heart
Temps de lecture : 3 mins

Le chanteur de Dionysos, Mathias Malzieu, raconte son combat contre la maladie dans un livre -« Journal d’un vampire en pyjama » - et dans un nouvel album de son groupe - « Vampire en pyjama ».

Comme Dionysos, Mathias Malzieu est né deux fois. De sa mère biologique, d’abord, comme nous tous. Mais le lutin roux du rock français a vécu une deuxième naissance, à 40 ans passés, quand il a été greffé de la moelle osseuse grâce au sang de cordon d’une illustre inconnue. Cette extraordinaire histoire de « sur-vie », il la raconte dans un livre qui vient de paraître, un journal de « board » tenu au quotidien de sa longue hospitalisation et de son flirt involontaire et prolongé avec la mort.

Les montagnes russes de la maladie

Tout commence en novembre 2013. Celui qui souffre de « boulimie créative » a l’impression de se transformer lentement en « vampire », il pâlit et perd ses forces. Un jour d’extrême malaise, il découvre qu’il souffre d’une aplasie médullaire idiopathique. Cette maladie rare désigne une réalité terrible : il est son « propre cancer », ses cellules sanguines sont détruites par ses anticorps et pour survivre, il lui faut désormais subir des transfusions régulières.

Son « Journal d’un Vampire en pyjama » comme l’album qu’il signe avec sa « tribu électrique » de Dionysos racontent le diagnostic et l’année de montagnes russes qui l’a suivi. Les sentiments contradictoires et ambivalents qui guettent les malades et leurs proches. Les espoirs et les déceptions. La façon dont la maladie nous métamorphose, transforme nos certitudes, révèle les failles et les forces de nos proches. « Je tiens ce journal comme le gouvernail d’un chalutier éventré », raconte-t-il.

Mathias Malzieu est fier de voir enfin sortir dans les salles obscures son film d’animation Jack et la mécanique du cœur quand il apprend la dure nouvelle. Entre deux hospitalisations longue durée en chambre stérile, il se débrouille pour retrouver les siens, maintenir la promotion du film – dont une interview surréaliste au Grand Journal alors qu’il est au plus mal.

Ses béquilles, la musique et la poésie

Coupé du monde réel à chaque fois que ses plaquettes lui jouent des tours, il réussit à ne pas sombrer grâce aux « nymphirmières » aux petits soins, grâce à ses instruments (une guitare, un ukulélé, un piano-jouet) et à un vélo d’appartement. Et surtout, grâce à Rosy. Ah Rosy, cette douce présence magique auprès de lui. Sa Betty Boop miniature aux yeux, aux doigts et aux bisous de fée, centrale et omniprésente dans le livre et dans cette année vampirisée. Elle veille sur lui, lui fait tenir bon quand l’épée de « Dame Oclès » se rapproche trop près en fumant ses fines cigarettes.

Avec ce livre et cet album – arrangé par ses acolytes alors qu’il est encore hospitalisé et qu’il attend sa greffe – Mathias Malzieu sublime la maladie, au sens fort et psychanalytique. Avec sa poésie, son univers onirique toujours imagé, il en fait quelque chose de beau, de grand, et de très humain. Grave et légère, belle et dure, on dévore chaque page et chaque chanson de ces deux déclinaisons. On comprend que Mathias Malzieu est un survivant et qu’il compte bien croquer à pleines dents tous les jours que son Dieu-Dionysos lui offre en surplus.

Crédits photo © Roberto Frankenberg

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