Inventeur du don gratuit à 18 ans, il raconte son épopée entrepreneuriale

Publié le 3 mars 2017 (modifié le 20 février 2023 à 22h15)
Par One Heart
Temps de lecture : 3 mins

Chaque mois, une personnalité phare de l'entrepreneuriat social nous raconte son parcours exceptionnel. Vincent Touboul-Flachaire s'est prêté au jeu de la confidence. À seulement 18 ans, en parallèle de ses études, ce jeune homme a créé en 2014 un site génial. Goodeed  vous propose de faire un don à une association sans débourser en rond, juste en visionnant de la publicité. Trois ans après, le concept cartonne.

One Heart : Comment vous est venue l'idée de Goodeed ?

Vincent Touboul-Flachaire : C'était en décembre 2012, suite à la lecture d’un livre que m’avait offert ma grand-mère. Un ouvrage intitulé "Building Social Business", dans lequel Muhammad Yunus, économiste bangladais (inventeur du micro-crédit NDLR), raconte comment il essaye d’encourager les grandes marques à concilier l’entreprise et le social, à gagner de l’argent tout en résolvant des problèmes sociaux, humanitaires, etc.

J’ai trouvé cette démarche très cool, et j'ai décidé de m'inspirer de cette idée pour faire en sorte que les jeunes, les 15-35 ans, puissent agir et résoudre des problématiques sociales. Je me suis rendu compte que c’était assez compliqué de faire des dons alors que tout le monde a envie de donner. Et à côté de ça, il y a de la pub partout sur internet. De ce constat est né le concept de Gooded : transformer les budgets pub en budgets humanitaires.

D’où vous vient cette fibre sociale ? Avez-vous été sensibilisé pendant l'enfance ?

Je ne sais pas, je n’aurais pas la prétention de dire que j’ai toujours été tourné vers le social. Reste que j'ai essayé de rester ouvert sur le monde. J’ai notamment beaucoup voyagé en Afrique.

Vous étiez en prépa HEC quand vous avez lancé Goodeed, comment avez-vous pu conjuguer études et création d'entreprise ?

Je n’ai pas fait les deux (Rire). J’ai arrêté la prépa dès que j'ai lancé Goodeed, c'est-à-dire au bout de huit mois de cours. Je ne pouvais pas faire les deux en même temps, trop compliqué !

Comment fait-on pour s’imposer auprès de ses collaborateurs à seulement 18 ans ?

Ça se fait petit à petit. Nous n’étions pas 40 au début. Nous ne le sommes toujours pas d'ailleurs. J’ai commencé avec deux personnes avec qui je m’entendais bien. Thomas et Tristan, respectivement développeur et designer du site, et qui le sont toujours aujourd'hui. L'entreprise s'est développée par étape, ce qui m’a permis d’apprendre progressivement et de pouvoir m’imposer davantage.

Quelles difficultés avez-vous rencontrées au cours du développement de l'entreprise ?

C'est d'abord de gagner de l’argent grâce à des contrats pour pouvoir payer les gens à la fin du mois. Il ne s'agit pas seulement de lever des fonds mais aussi d'avoir, derrière, de l’activité commerciale. C’est difficile également de concilier la vision sociale de l’entreprise et la perspective économique. Et gérer du personnel aussi, c’est compliqué. 

Pourquoi ?

Parce que Goodeed réunit des activités très différentes. Il y a des développeurs web, des designers, des personnes pour gérer la communication, pour s'occuper de la partie commerciale. Et entre un développeur et une personne qui s’occupe de la communication, ce n’est pas du tout le même profil. Ça peut être difficile à gérer.

Comment avez-vous financé la création de Goodeed ?

J’ai fait une première levée de fonds de 400.000 € en février 2015, très rapidement après le lancement du site. J'ai ainsi pu débuter car, auparavant, j’utilisais l’argent de mon prêt étudiant. Je n'avais aucun capital.

N'est-ce pas difficile d'attirer les investisseurs à votre âge ?

Il faut être crédible c’est sûr. Heureusement, le site marchait, j'avais réussi à générer 50.000 € tout seul, en prépa. J'étais parvenu à rassembler une première communauté de donateurs, à signer mes premiers contrats avec de grandes ONG, etc. 

Comment se porte Goodeed aujourd'hui ?

Bien ! Nous continuons à développer la communauté de donateurs. Nous avons lancé notre appli mobile qui s'est retrouvée dans le top 20 des appli Apple. Nous avons généré près de 200.000 euros pour les associations cette année. Nous travaillons avec 40 partenaires associatifs et de grandes marques comme Coca Cola, Allianz, Société générale, Hello Bank, Carrefour... Enfin, nous avons lancé une collecte de crowdfunding, en octobre. Elle a réuni le plus de donateurs en France : 20.000 en quatre jours !

Quels sont vos projets ?

Notre objectif est de développer cette communauté de donateurs. Nous aimerions générer plus de 500.000 euros pour les associations en 2017, agrandir l’équipe et faire une nouvelle levée de fonds.

Quels conseils donneriez-vous à un jeune qui voudrait se lancer dans l'entrepreneuriat social ?

Déjà, je le féliciterais parce que c’est audacieux de lancer une entreprise sociale. Puis, un conseil qui peut paraître bateau, ce serait de bien s’entourer, de s'allier, dès le départ, à des gens avec lesquels il s’entend bien et avec lesquels il prend plaisir à travailler. 

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