Ile Maurice : une marée noire sans précédent causée par le naufrage du Wakashio

Publié le 7 août 2020 (modifié le 20 février 2023 à 22h18)
Par One Heart
Temps de lecture : 3 mins

Depuis plusieurs jours, le vraquier Wakashio est immobilisé au large des côtes mauriciennes, sur le récif de Pointe d’Esny, au sud-est de l’île. Hier, une brèche est apparue dans la coque du navire, laissant s’échapper de l’hydrocarbure. Malgré le manque d’équipements et de matériel sur place, les Mauriciens unissent leurs forces et font preuve de solidarité et d'ingéniosité pour sauver leur lagon.

 

Une situation très critique


Depuis le 26 juillet, Wakashio, un bateau appartenant à un armateur japonais, s’est échoué au sud-est de l’île Maurice, sur la barrière de corail à Pointe d’Esny. Le bateau qui contient 200 tonnes de diesel et 3 800 tonnes de fuel a d’abord été évacué, avant d'être inspecté par les autorités mauriciennes. Les inquiétudes régnaient cependant quant à des risques de déversement. Le 6 août, une fissure a été détectée dans la coque du bateau, la poupe de ce dernier se retrouvant au fond de la mer, au bord des récifs et laissant s’échapper des litres de carburants. En quelques heures, plusieurs mètres de récif corallien étaient déjà affectés, comme en témoignent les photos et vidéos partagées sur les réseaux sociaux. À ce jour, l'origine du naufrage est inconnue.

 

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Crédit : Twitter Romain Miot


Les parcs marins en grand danger


Connue pour ses plages aux eaux turquoises, l’île Maurice fait aujourd’hui face à un drame écologique. Le parc marin de Blue Bay, non seulement réputé comme l’un des plus beaux sites de snorkeling sur l’île et classé comme site Ramsar, c’est-à-dire comme une “zone humide d’importance internationale” abritant des espèces vulnérables de poissons et d’oiseaux d’eau, selon la Convention de RAMSAR 1971, est aujourd’hui en danger. Rapidement, la marée noire s’est étendue sur les plages avoisinantes, inquiétant les citoyens qui craignent que les courants ne poussent davantage cette nappe de pétrole vers les autres plages du pays.

Les espèces endémiques présentes sur l'île aux Aigrettes située à l'est du pays, sont elles aussi très menacées : « Nous nous attendons à ce que certaines espèces endémiques meurent dans les semaines à venir. Nous avons évacué quelques espèces mais nous ne pourrons pas évacuer tous les animaux et plantes » a affirmé le Docteur Vikash Tatayah, directeur de la conservation de la Mauritian Wildlife Foundation.  

L'odeur du fioul pourrait également menacer la santé des habitants. Outre le désastre écologique, cette catastrophe pourrait aussi avoir d'importantes répercussions sur le secteur de la pêche qui occupe une place très importante sur l'île.

« C'est la première fois que nous sommes confrontés à une catastrophe pareille et nous ne sommes pas suffisamment équipés pour traiter ce problème », a déclaré le ministre de la Pêche, Sudheer Maudhoo.

 

Des solutions écologiques pour dépolluer les eaux

 

Malgré la situation alarmante, les Mauriciens ne se laissent pas abattre et se mobilisent sur le terrain pour tenter de sauver leur lagon bleu. L’ONG “Eco-Sud” qui oeuvre pour la protection de l’environnement à Maurice, notamment pour la protection du Parc marin de Blue-Bay, lance un appel aux volontaires qui souhaiteraient prêter main forte sur place pour contenir l’hydrocarbure et porter assistance aux animaux en danger. Faute d’équipements adéquats, un appel aux dons a  été lancé : des gants, des bottes ainsi que des réservoirs pour nettoyer les animaux marins piégés dans l’hydrocarbure, ont été demandés.

Par ailleurs, des appels aux dons de cheveux ont aussi été lancés. En effet, les cheveux s’avèrent être une excellente solution pour absorber le gras présent dans les hydrocarbures. Françoise Gachet a déjà utilisé cette méthode pour nettoyer les lagons et explique : « Il faudra mettre les cheveux dans les bas ou sac en toile en forme de saucisson, ensuite nous allons rattacher et placer dans l’eau afin de filtrer l’hydrocarbure de l’eau ». Pour contrer le problème, d’autres ressources locales sont utilisées telles que de la paille de canne à sucre pour constituer des bouées et empêcher la nappe d'huile de se propager.

 

 

Il est également possible de soutenir les associations environnementales locales mobilisées sur le terrain en faisant un don financier ou en participant à des cagnottes lancées par des citoyens mauriciens.

 

 

Mélanie Appadoo

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