Hors Normes : une comédie sociale, humaine et sincère sur les cas d’autisme complexes

Publié le 21 octobre 2019 (modifié le 20 février 2023 à 22h18)
Par One Heart
Temps de lecture : 4 mins

Vincent Cassel et Reda Kateb jouent le rôle de directeurs d’associations qui s'investissent auprès d’autistes atteints de troubles graves. Ces associations emploient des jeunes issus des quartiers difficiles pour encadrer ces cas qualifiés "d’hyper complexes"

Une comédie humaine inspirée d’histoires réelles

Dans Hors Normes, Vincent Cassel prend en charge, du mieux qu’il peut, au sein de son association "La voix des Justes", des enfants et des adultes, souffrant d’une forme d’autisme si complexe, qu’elle les condamne à demeurer dans des couloirs psychiatriques austères et maltraitants.

On y découvre les difficultés rencontrées par les familles et les soignants hospitaliers, débordés par les souffrances de ces enfants autistes. On est plongé dans leur quotidien animé par les excursions, les activités, les soins et toutes les difficultés rencontrées dans la réinsertion des jeunes employés par l’association comme encadrants.
Ce quotidien, Eric Toledano et Olivier Nakache le connaissent bien. Ils se sont inspirés du travail de l’association "Le Silence des Justes" et de son fondateur, Stéphane Benhamou, qu’ils ont rencontré il y a plus de 20 ans. Ce dernier a pris sous son aile un membre de la famille d’Eric souffrant de cette pathologie.

Un peu plus tard, Eric et Olivier ont réalisé, pour l’association, un film de 6 minutes pour l’aider à recevoir les aides nécessaires au bon fonctionnement de la structure. Il y a 4 ans, ils réalisent aussi un documentaire intitulé, de façon prémonitoire : ON DEVRAIT EN FAIRE UN FILM...
Ce  documentaire de 26 minutes, produit par Canal+, évoque le travail de deux associations, "Le Silence des Justes" et "Le Relais IDF" qui prennent en charge de jeunes autistes et travaillent également sur la réinsertion sociale et professionnelle des jeunes des quartiers difficiles. 
Une fois la décision prise d’en faire un long métrage, ils se sont immergés au sein de ces deux associations pour écrire leur fiction.

Reda Kateb raconte que lui aussi s’est plongé dans le quotidien associatif : "Je suis monté dans ces vans qui, chaque matin, passent chercher les autistes dans leur famille pour les conduire à leurs activités. Je suis allé jouer avec eux au football en salle et déjeuner au sein de l'association "Le Relais IDF".
Puis, Daoud Tatou, le fondateur de la strucure, m’a emmené au Maroc, à Rabat et surtout à Oujda, où il travaille à la construction du premier centre pour autistes du Maghreb qui comme "Le Silence des Justes", porte un nom magnifique : "Les Oiseaux du Paradis". La situation des autistes y est encore pire que celle que nous connaissons en France
". 

 

Un casting d’acteurs hors normes  

Aux côtés des "têtes d’affiche", les comédiens non professionnels sont particulièrement touchants. Parmi eux se trouvent des personnes elles-mêmes en situation de handicap. Les réalisateurs font la démonstration, en actes, que l’inclusion est possible, même dans ce milieu si fermé qu’est le cinéma.

Eric Toledano explique comment ils les ont trouvés : "En scannant toutes les associations de Paris et de la région parisienne, nous sommes tombés sur Turbulences, (compagnie artistique qui emploie des personnes présentant des troubles de la communication, autisme et troubles apparentés). [...] nous leur avons proposé de créer un atelier de théâtre. C’est dans cet atelier que nous avons rencontré Benjamin Lesieur, qui incarne Joseph."

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 Benjamin Lesieur, alias Joseph dans le film Hors Normes

Il poursuit à son propos : "Doté d’une personnalité très attachante, il ne parlait pas ou communiquait d’une façon peu linéaire en citant des noms de chanteurs français ou en posant la même question plusieurs fois de suite : « Ils ont dit quoi à la météo pour ce soir ? ». On s’est vite rendu compte qu’il prenait du plaisir à ces ateliers. À un moment, nous avons agi avec lui comme avec n’importe quel acteur : nous lui avons proposé le rôle."

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Eric Toledano explique que l'adaptation de Benjamin au quotidien d'un tournage s'est faite en douceur, malgré l'appréhesion de ses parents : "[Ils] nous ont prévenus que ce serait compliqué, qu’il ne portait jamais de cravate, de ceinture ou de chaussettes et qu’il ne supportait pas qu’on lui touche la peau et les cheveux, mais ils étaient partants. Pendant 25 jours de tournage, nous lui avons mis une cravate, une ceinture, des chaussettes, nous l’avons maquillé et coiffé !
On s’est rendu compte que Benjamin aimait beaucoup l’équipe costume, Isabelle et particulièrement l’habilleuse. Ce sont elles, qui, avec beaucoup de douceur et de psychologie, ont réussi à lui faire porter les vêtements qu’elles voulaient. Du coup, Marine a fini par jouer le rôle de Brigitte, la jeune salariée de l’entreprise où Joseph travaille. Ça ne pouvait être qu’elle. Elle protestait : « Mais je ne suis pas comédienne ! ». On lui a dit « Fais-nous confiance... ». Et elle a été parfaite, tout ça restait dans l’esprit du film."

Un film utile qui dénonce une incohérence sociale

Le film dénonce un paradoxe : celui du Ministère de la Santé qui, d’un côté, ne veut pas donner l’agrément à ces associations mais qui, de l’autre, reconnaît implicitement que personne d’autre ne pourrait abattre le travail qu’elles font et qu’elles sont indispensables

Stéphane Benhamou espère que le film mettra en lumière les cas complexes et constate que les choses commencent à bouger, que l’administration se réveille. Il y a aujourd’hui des perspectives de prises en charge plus adaptées.  Il a confié à Éric et Olivier : "J’espère qu’il y aura un avant et un après HORS NORMES". 

Crédits : Hors normes, Réal : O. Nakache et E. Toledano

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