Fatoumata Kebe, à la conquête de l'espace

Publié le 24 janvier 2020 (modifié le 20 février 2023 à 22h18)
Par One Heart
Temps de lecture : 3 mins

Chaque année, des milliers d’engins (fusées, satellites) sont envoyés dans l’espace, pour des raisons scientifiques. Malheureusement, ces derniers laissent derrière eux des débris en orbite autour de la Terre. L’astrophysicienne franco-malienne Fatoumata Kebe, ambitionne de nettoyer l’espace.


Fatoumata Kebe, une femme d’exception


Fascinée par des images d’étoiles et de planètes depuis son plus jeune âge, Fatoumata s’est naturellement tournée vers des études scientifiques pour y réaliser son rêve. Après quelques années à l’université Pierre et Marie Curie, elle intègre le prestigieux Observatoire de Paris en tant que Doctorante en astronomie et y soutient sa thèse autour des débris très spatiaux.


Parallèlement, elle fonde l’association Éphémérides dont le but est de venir en aide aux jeunes de quartier en leur faisant découvrir l’astronomie et de démocratiser l'appprentissage de ce dernier. Par ce biais, elle entend partager sa passion et surtout redonner confiance aux jeunes en leur montrant qu’avec du travail et de la volonté, on peut y arriver. Elle a aussi créé “Connected Eco”, une entreprise au Mali qui propose des solutions aux agriculteurs grâce à la technologie. 


Déchets spatiaux : de quoi parle-t-on ?


Depuis le lancement des premières opérations spatiales, un amas de déchets flotte dans l’espace. Progressivement, les vieux morceaux de satellite, des écailles de peinture ou même des vis se sont accumulés dans le cosmos. Fatoumata Kebe alerte les populations sur ce nombre qui ne cesse de croître. Elle explique à Fumigene : « Ce sont des vestiges de l’activité humaine dans l’espace [...]. Des satellites à la retraite, par exemple, ou des fusées. Les morceaux restent en haut. Mais leur nombre est désormais tellement énorme que nous devons trouver des méthodes pour les éradiquer. »


La NASA (National Aeronautics & Space Administration) chiffre les petits débris à 700 000 et les plus gros entre 17 et 20 000. L’urgence est grande puisque ces déchets peuvent entrer dans l’atmosphère terrestre. Certains matériaux qui composent ces détritus ont été conçus pour résister à de fortes chaleurs et parviendraient à survivre à la rentrée atmosphérique. Ceux-ci n’auraient pas le temps de disparaître complètement avant l’impact du sol.

Cette barrière présente également un danger pour les satellites opérationnels qui sont constamment confrontés au risque de collision. 

 

 

Nettoyer l’espace, un challenge de taille mais pas impossible


Les quelque 70 ans d’opérations spatiales ont laissé des traces. Dans un avenir proche, il ne sera pas possible d’éviter ces déchets. Selon la NASA, “dès 2025, tout engin envoyé dans l’espace croisera nécessairement la route d’un débris” et chaque manoeuvre spatiale sera mise en danger. 


Fatoumata Kebe explique : “Il y a tellement de choses à faire, je n’ai pas de temps à perdre. J’ai envie d’avoir un impact direct”. Mais la jeune femme se confronte à une réalité politique : chaque débris céleste appartient à un pays qui en possède tous les droits. Il est impossible pour un pays européen de retirer un déchet russe. Le secret militaire et les droits spatiaux rendent chaque initiative longue et à la merci d’accords à négocier. 


Éviter que l’espace devienne une poubelle s’avère extrêmement coûteux. On parle ici d’une dizaine de millions d’euros pour un unique gros déchet. Il faudrait enlever au minimum 5 débris par voyage pour minimiser les coûts faramineux de nettoyage. Les technologies se développent pour permettre un ramassage plus conséquent mais ne sont pas encore au point. 

Fatoumata Kebe a identifié une solution : un filet à débris pour les ramener sur Terre et les reconvertir. Les débris ont des trajectoires et déplacements aléatoires et le filet permettrait une capture plus facile. Depuis 2012, l’astrophysicienne travaille sur une technologie qui pourrait rendre le nettoyage possible. Elle collabore avec des chercheurs américains et plusieurs pays s’intéressent à son travail comme le Japon ou encore le Royaume-Uni. 


Agir pour nettoyer l’espace se révèle être un véritable défi technologique, diplomatique et financier que Fatoumata Kebe incite à relever.

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