En Équateur, les animaux sauvages ont désormais des droits qui les protègent
L'Équateur souhaite protéger ses animaux sauvages
Fin janvier, à la suite d’un arrêt de sa Cour constitutionnelle, l’Équateur est devenu le premier pays du monde à reconnaître des droits juridiques distincts aux animaux sauvages. Jusqu’alors, seul l’environnement y avait des droits. En effet en 2008, le pays était déjà devenu le premier au monde à reconnaître les droits de la nature à l’échelle constitutionnelle, mais ce n'était pas encore le cas des animaux sauvages abrités par ces habitats naturels. Désormais, ces derniers auront un véritable statut juridique avec des droits comme ceux de « ne pas être chassés, pêchés, capturés, collectés, extraits, gardés, retenus, trafiqués, commercialisés ou échangés ».
L’arrêt dénonce aussi le « droit du libre développement de leur comportement animal, ce qui inclut la garantie de ne pas être domestiqués et de ne pas être forcés d’assimiler des caractéristiques ou des apparences humaines ». Certaines activités humaines peuvent toutefois tolérées, comme la chasse et la pêche, dans la mesure où leur pratique respecte les règles préexistantes (protégeant des animaux menacés par exemple) et limitent la souffrance animale.
Une décision prise après le triste destin du singe domestiqué Estrellita
La décision de la Cour constitutionnelle équatorienne fait suite à la triste affaire d’Estrellita, un singe laineux. Capturée illégalement dans la nature alors qu’elle n’avait encore qu’un mois, cette femelle avait été adoptée par la famille d’Ana Proano, une bibliothécaire chez qui Estrellita a vécu pendant 18 ans. Pendant ces longues années, l’animal avait appris à communiquer avec eux par des gestes et sons précis, mais elle fut un jour saisie par les autorités locales : posséder un animal sauvage était devenu illégal dans le pays. Un mois après avoir été transféré dans un zoo, Estrellita décéda d’un arrêt cardiaque.
Avant sa mort, Ana Proano avait tenté de récupérer Estrellita auprès de la justice, invoquant la détresse que celle-ci devait ressentir, arrachée à l’environnement qui lui était familier. S’appuyant sur différentes études scientifiques, la défense avait conclu que les autorités avaient bien violé les droits d’Estrellita en la séparant de sa “famille adoptive”, mais avait aussi estimé que la bibliothécaire était coupable d’avoir retiré l’animal de la nature en premier lieu. C’est en conséquence à l’histoire de ce singe laineux que le tribunal avait impulsé l’idée d’une nouvelle législation pour, à l'avenir, mieux faire respecter les droits des animaux sauvages. « La domestication et l’humanisation des animaux sauvages sont des phénomènes qui ont une grande incidence sur le maintien des écosystèmes et l’équilibre de la nature, car ils provoquent le déclin progressif des populations animales », a reconnu le tribunal dans son arrêt.
De nombreuses associations ou ONG de défense animal saluent cette initiative, comme la Fondation 30 Millions d’Amis, qui œuvre pour la consécration d’une personnalité juridique animale en France : « elle se réjouit de cette décision et espère qu’elle incitera d’autres juridictions à suivre cette voie ».