Pour la première fois en 50 ans, les Alpes ont perdu 1 mois de neige

Publié le 22 mars 2021 (modifié le 20 février 2023 à 22h18)
Par One Heart
Temps de lecture : 3 mins

Selon une étude publiée dans la revue scientifique The Cryosphere, le massif montagneux des Alpes a enregistré une baisse d’enneigement et ce, pour la première fois depuis 1971. Le réchauffement climatique et donc la hausse des températures seraient à l’origine de ces changements, d’après les chercheurs. 


Des hivers plus chauds et de moins en moins neigeux 


C’est un épisode inédit : pour la première fois en 50 ans, les Alpes, massif montagneux de 4 810 m d’altitude, ont perdu près d’un mois de neige. La revue scientifique The Cryosphere a publié une étude qui fait état de l’évolution du manteau neigeux. En cinq ans, c’est environ 22 à 34 jours d'enneigement qu’aurait perdu les Alpes, entre novembre et mai. Cela concerne principalement les régions situées à moins de 2 000 m d’altitude. Beaucoup moins de flocons et une hausse des températures, c’est ce qu'ont constaté les chercheurs :  « Le changement climatique en cours dans les Alpes, et en particulier la hausse des températures et l’évolution des régimes de précipitations, affecte l’abondance de la neige », détaille l’étude publiée le 18 mars dernier. 


Ce qui a aussi été observé, c’est l’apparition tardive de la neige en hiver et sa disparition "plus tôt" au printemps. En revanche, les scientifiques ont dévoilé que ces changements variaient tout de même en fonction des régions : « Même si la tendance de fond est la même partout, il y a beaucoup de variabilité selon les régions de l’arc alpin. De plus, les hivers se suivent et ne se ressemblent pas, l’enneigement fluctue fortement d’une année à l’autre, mais sur le long terme on observe de moins en moins d’hivers très neigeux », explique Samuel Morin, un des quatre Français co-auteurs de l’étude et directeur du Centre national de recherches météorologiques (tuteur de Météo France et du CNRS).

 

La neige perd de l’épaisseur et dépasse à peine les 60 cm


Au mois de février 2021, l’enneigement près du massif de la Chartreuse était encore correct. C’est en mars que tout s’est un peu dégradé lorsque les températures ont commencé à augmenter. L’épaisseur de la neige est passée "de plus d’un mètre à 60 cm", d’après le décryptage de France 3 Auvergne Rhône-Alpes. Ce début de mois est donc considéré comme l’un des plus déficitaires en matière d’enneigement, selon Marie Dumont, une chercheuse au CNRS et spécialiste de l’évolution de l’enneigement en montagne. Le réchauffement climatique est un véritable fléau pour les massifs montagneux puisqu’il entraîne une fonte plus rapide et plus importante. Entre 2002 et 2017, elle intervient en moyenne 15 jours plus tôt par rapport à la période 1965-1980 où elle démarrait seulement à la mi-mars. 


Toujours selon Marie Dupont, il ne faut pas faire de conclusions trop hâtives : « Pour cet hiver 2021, les jeux ne sont pas faits. Quand on fait des simulations sur les 30 dernières années avec l'enneigement de ce début mars, on voit qu'il y a une grande dispersion des résultats. On ne peut rien prédire sur l'enneigement en fin de saison », a-t-elle déclaré à France 3. Elle explique cependant que plusieurs facteurs environnementaux sont entrés en jeu pour la fonte de la neige. Les différents épisodes de poussières déposées sur les massifs montagneux des Alpes et venues du Sahara, a provoqué une accélération de la fonte. « Cela se produit chaque année plus ou moins, mais trois événements à la suite, c'est tout de même rare. On sait que les dépôts de poussières peuvent jouer un rôle sur la fonte, mais pour le moment on n'a pas d'études sur le long terme », a-t-elle finalement précisé. 

 


Par Léa Bourgoin

Envie de recevoir de bonnes ondes ?

Inscrivez-vous à notre newsletter et recevez chaque semaine de nouvelles façons d'agir à votre echelle !