Lyon : un centre hospitalier propose des consultations spécialisées aux femmes victimes de violences

Publié le 1er juin 2021 (modifié le 20 février 2023 à 22h18)
Par One Heart
Temps de lecture : 3 mins

Au Centre Hospitalier Saint Joseph Saint Luc à Lyon, Eve-Marie Armagnat, sage-femme depuis 15 ans, propose des consultations spécifiques aux femmes victimes de violences depuis 1 an. Pendant 45 minutes, elle devient une oreille attentive pour celles qui ressentent le besoin de parler. Nous avons échangé avec elle pour comprendre la nécessité de mettre en place ces séances. 

 

Créer un environnement serein pour les femmes victimes de violences

Si les consultations à destination de femmes victimes de violences, ont été mises en place au centre hospitalier Saint Joseph Saint Luc à Lyon, c'est parce que le service dans lequel travaille Eve-Marie Armagnat - le service maternité- a fait face à une réalité :  « On s’est dit qu'on avait vraiment du mal à prendre du temps pour les femmes victimes de violences aussi parce qu’on manquait de formations sur le sujet. On avait l’impression de ne pas répondre à la problématique de ces femmes et il fallait trouver un moyen de les accueillir de façon plus appropriée », révèle-t-elle. Pour répondre à une problématique présente au sein du service maternité, Eve-Marie a suivi une formation aux conseils conjugaux et a obtenu un Diplôme Inter-Universitaire (DIU) réservé aux professionnels de santé.

Eve-Marie explique que les femmes qui ont subi ou qui subissent des violences, ont tendance à parler plus facilement lors du suivi gynécologique car il touche à l'intimité. En effet, lors de celui-ci, les langues se délient et les souvenirs douloureux de ces femmes ressurgissent. Comme elles se sentent en confiance, les victimes de violences passées ou présentes se confient aux sages-femmes. « C’est souvent spontané. La réalité, c’est que nous, le personnel de santé, lorsque nous posons la question « Êtes-vous ou avez-vous été victime de violences dans votre vie ? » à des victimes passées, celles-ci nous répondent presque automatiquement », continue Eve-Marie. Pour elle et son équipe, il était essentiel de créer cette prise en charge spécifique afin d’accueillir ces femmes dans un environnement sain et sécurisé. 

 

La grossesse, un élément déclencheur de violences 

La grossesse peut être une période difficile pour certaines des femmes reçues au Centre Hospitalier Saint Joseph Saint Luc, car elle va faire ressurgir des souvenirs. « Cette grossesse va peut-être devenir un élément déclencheur de violences conjugales ou intrafamiliales. Ça peut être aussi le moment de résurgence de ces violences qui ont, par exemple, eu lieu dans l’enfance et qui viennent se réveiller », dévoile Eve-Marie.

Les femmes qui se rendent aux consultations sont pour le moment essentiellement des patientes de l'hôpital. Mais certaines venues de l'extérieur ont appris l'existence des consultations grâce aux assistantes sociales. Depuis le lancement, il y a 1 an, 80 rendez-vous ont été fixés. « Certaines vont avoir du mal à venir et vont parfois rater leur rendez-vous parce que c’est une démarche difficile que se confier sur ces violences », ajoute Eve-Marie. 

 

Un temps d’écoute et d’échange pour comprendre les besoins des femmes, lors des séances

Durant les séances, d'une durée de 45 minutes, Eve-Marie va écouter ces femmes et les comprendre afin de savoir si elle va devoir réaliser des soins médicaux spécifiques sur elles, dans la limite de ses compétences. Elle va les suivre, à court ou moyen terme, sans rentrer dans le soin psychologique. Comme une discussion, un temps d’échange. « Je les amène à réfléchir sur les événements qu’elles ont traversés, et ce dont elles ont besoin maintenant pour se reconstruire », continue Eve-Marie.

Après les consultations, Eve-Marie peut orienter les femmes vers des structures plus adaptées et spécialisées dans les violences faites aux femmes. « Certaines femmes vont avoir besoin d’être orientées vers des psychologues, d’autres vont avoir besoin de conseils juridiques ou encore vont avoir besoin de l’aide d’une association », révèle-t-elle. Par exemple, le service de l'hôpital travaille en étroite collaboration avec quelques associations comme Viffil (Violences IntraFamiliales Femmes Informations Libertés) ou encore le CIDFF (Centres d'information sur les droits des femmes et des familles). À l’avenir, pour répondre aux nombreuses demandes de consultation, l’équipe devrait s’agrandir afin d'accueillir plus de femmes en consultation. 

 

Par Léa Bourgoin

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