L’inclusion sociale : un remède à la pauvreté

Publié le 15 avril 2016 (modifié le 20 février 2023 à 22h15)
Par Collectif ALERTE
Temps de lecture : 3 mins

En déplacement à Mantes-la-Jolie (Yvelines), le 14 avril 2016, Manuel Valls a présenté son plan pluriannuel contre la pauvreté et pour l’inclusion sociale.  Plan ambitieux ou poudre aux yeux : les réactions de François Soulage, Président du collectif ALERTE et spécialiste des questions de pauvreté.

Le 14 avril 2016, au cours d’un déplacement à Mantes-la-Jolie (Yvelines), Manuel Valls a détaillé les objectifs du plan pluriannuel contre la pauvreté et pour l’inclusion sociale. Il a notamment annoncé une hausse de 2% du Revenu de Solidarité Active (RSA). Cette revalorisation s’inscrit « dans une augmentation globale de 10% en cinq ans », initiée en 2013 par le précédent plan de lutte contre la pauvreté, a souligné le chef du gouvernement.

Au-delà de cette mesure emblématique, l’ambition est bien de faire reculer la pauvreté en France. Entretien avec François Soulage, économiste et Président du collectif ALERTE, spécialisé dans la lutte contre toutes les formes de pauvreté.

Ajuster l’action à la réalité

« Le plan pluriannuel contre la pauvreté et pour l’inclusion sociale de 2013 se basait sur la situation de la France en 2012, explique François Soulage. Ses objectifs portaient aussi bien sur la revalorisation des minimas sociaux que sur la généralisation du tiers payant ou encore la Couverture Maladie Universelle Complémentaire (CMU-C).

Les chiffres de la pauvreté, concernant les personnes vivant en-dessous du seuil de pauvreté, n’ont pas vraiment augmenté depuis cette date. Cependant, il est frappant de constater que la situation des personnes en état de grande pauvreté s’aggrave. Leurs revenus n’augmentent pas suffisamment pour pallier les hausses des prix de l’énergie ou des logements ».

2013 : des objectifs à minima

« Le gouvernement annonce avoir respecté les objectifs pris en 2013, souligne le Président du collectif ALERTE. C’est presque entièrement vrai, cependant les ambitions de l’époque étaient insuffisantes. Le collectif ALERTE proposait des objectifs bien plus ambitieux. A la lumière de la situation actuelle, il y avait donc urgence à réévaluer le plan d’action.

Nous sommes heureux de constater qu’un certain nombre de mesures sont prises notamment en faveur du logement, de l’emploi ou encore de la situation des jeunes. C’est une bonne chose ».

Laisser le temps au temps

Devant l’absence de résultats visibles immédiatement, certains seraient tentés de dénoncer un simple effet d’annonce. « Ce n’est pas le cas, précise François Soulage. Il faut simplement se rendre compte que le temps législatif n’est pas nécessairement en adéquation avec l’état d’urgence de la cohésion sociale.

La généralisation de la garantie jeune, par exemple, n’est pas encore prévue au budget de l’Etat pour 2017, alors qu’elle est entérinée depuis 2013. Cette mesure coûte près de 500 millions d’euros, il va donc falloir étudier ses sources de financement et cela prend du temps. Autre exemple, le numérique. Il est extrêmement difficile pour le législateur de suivre son évolution très rapide ».

Le numérique pour l’inclusion

Au lendemain du lancement de la plateforme WeTechCare par Emmaüs Connect, en partenariat avec Google.org et la Fondation SFR, le Président du collectif ALERTE est « convaincu que le numérique jouera un rôle majeur pour l’inclusion du plus grand nombre. Cette évolution est inéluctable ».

Toutefois, François Soulage souhaite mettre en garde contre certains aspects d’Internet. « Il faut être très vigilant à ne pas écarter les populations n’ayant pas accès aux ressources numériques, précise-t-il. Il est également nécessaire de conserver le contact en face à face, ne pas tout dématérialiser. Le rôle des travailleurs sociaux est ici primordial.

Je milite aussi pour un droit à l’erreur sur Internet. Il est par exemple très difficile, voire impossible, de revenir sur une erreur commise dans une déclaration officielle en ligne.

Je pense que ces préconisations sont essentielles car le numérique peut permettre de recréer des communautés numériques, rompre l’isolement, apporter de très nombreuses sources d’information etc. Pour faire partager au plus grand nombre toutes ces avancées, il faudra vaincre le mur du numérique. Le projet WeTechCare est une formidable occasion d’y travailler ».

Horizon 2017

Le collectif ALERTE va désormais se mobiliser pour les échéances présidentielles. « Nous allons poser nos propositions sur la table et observer quel candidat s’en saisira, explique son Président. Nous souhaitons faire avancer la cause des chômeurs longue durée, des logements sociaux et très sociaux, de l’accès aux droits grâce au numérique ou encore de la santé par la protection universelle maladie (Puma) ».

Espérons désormais que le sujet de la pauvreté en France soit au centre des débats des prochaines présidentielles.

L'association

Collectif ALERTE

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Les actions


Pour le collectif ALERTE « les plus pauvres et les exclus doivent pouvoir faire reconnaître leur pleine et entière citoyenneté. »
Les associations membres du collectif estiment que « l’opinion publique doit changer le regard qu’elle porte sur les plus démunis en prenant connaissance de leurs conditions de vie et de leurs points de vue et de favoriser l’échange plutôt que la dépendance » 


« Ensemble, au sein d’ALERTE, les associations proposent à la société toute entière un pacte contre l’exclusion qui trouve sa référence dans la devise républicaine de liberté, d’égalité et de fraternité, ainsi que dans la déclaration universelle des Droits de l’Homme et du Citoyen ». Elles s’appuient sur quatre convictions communes qu’elles font leurs :

1) Les personnes et familles exclues… n’attendent pas uniquement une réponse à leurs besoins vitaux, mais aussi une reconnaissance de leur humanité et de leur citoyenneté… une volonté de voir se bâtir avec elles, à partir de leur expérience et de leur pensée, de vrais moyens de lutte contre l’exclusion.

2) Les limites du marché : capable de stimuler la création des richesses, le marché ne préjuge pas de leur usage et de leur distribution. Il a fait la preuve de ses limites comme seule force d’intégration. Parce qu’il vise en priorité le développement économique et non les services entre les hommes, il fait de la rentabilité financière une fin et non un moyen.

3) La lutte contre l’exclusion suppose une dimension éthique affirmée et affichée qui favorise une mobilisation de tous.

4) La lutte contre l’exclusion passe par la prise en compte des besoins vitaux et des droits… Le pacte contre l’exclusion introduit de nouveaux champs d’engagements pour tous les acteurs :
- celui de la loi et des conditions de son application
- celui de citoyenneté des exclus et de leur représentation
- celui de l’élaboration et de la mise en place de politiques à long terme.


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