Interdiction des pesticides à usage agricole : où en est-on en France ?

Publié le 26 février 2020 (modifié le 20 février 2023 à 22h18)
Par One Heart
Temps de lecture : 3 mins

Après le scandale du Roundup en 2016, un herbicide surpuissant à l'origine de plusieurs cancers dans le monde, les pesticides sont devenus la bête noire de certains agriculteurs mais aussi des gouvernements qui luttent en faveur d'une transition écologique et responsable mais aussi d'une agriculture biologique et durable. L'utilisation des pesticides est donc remise en question; une loi anti-pesticides a même été promulguée dans ce sens. Mais que dit vraiment cette loi et où en sommes-nous en France dans son application ? 

 

Loi anti-pesticides : une mise en place complexe

C'était une promesse de campagne phare de l'atuel locataire de l'Elysée, Emmanuel Macron visait à ne plus utiliser de pesticides d'ici à 2022. Le gouvernement a gagné la bataille, en interdisant la vente de pesticides aux particuliers depuis le 1er janvier 2019, mais certainement pas la guerre, car de nombreux agriculteurs continuent d'utiliser d'autres herbicides dont le tant contesté glyphosate qui avait été classé comme "cancérogène probable" en 2015. Le 21 février, Emmanuel Macron déclarait en marge de l'ouverture du Salon de l'Agriculture 2020 que l'objectif d'interdire le glyphosate d'ici à 2021 "n'est pas tenable pour la totalité des exploitations".  

Le ministre de l'Agriculture Didier Guillaume est même allé plus loin en affirmant que le glyphosate était nécessaire : "Il faut une couverture des sols, c'est reconnu pour une transition agroécologique, pour faire cela, il y a besoin de glyphosate, je crois que c'est 1 litre par hectare". En clair, l'herbicide sera utilisé pour l'agriculture dite "de conservation" qui vise à maintenir et améliorer le potentiel agronomique des sols. 

 

Distance d'épandage : quels risques ?

La distance d'épandage est une notion primordiale dans le secteur agricole car elle soulève divers enjeux. L'environnement est impacté par l'utilisation de pesticides, de nombreux animaux tels que les abeilles ou encore les oiseaux sont affectés et meurent empoisonnés par des résidus de pesticides qui restent dans les aliments. La santé humaine peut aussi être perturbée par les pesticides (en cas d'expositions à longs termes) causant un risque accru de troubles généralisés ou encore des maladies comme celle de Parkinson. Cependant, l'utilisation des pesticides demeure indispensable pour la production ou surproduction agricole.

Depuis 2009, une directive européenne impose aux Etats membres de prendre des mesures pour protéger les habitants de l'épandage des pesticides. Mais la question de la distance entre la zone d'épandage des pesticides et des bâtiments habités fait débat, et ce même au sein du gouvernement car en effet, la ministre de la Transition écologique et solidaire, Elisabeth Borne, était favorable à une distance de 100 à 150 mètres tandis que le ministre de l'Agriculture et de l'Alimentation, Didier Guillaume, penchait pour une bande de 3 à 5 mètres. Le verdict est tombé le 1er janvier 2020 et la distance d'épandage a été fixée de 5 à 10 mètres selon le type de cultures. 

 

Les réactions de contestation ne se sont pas faites attendre de la part des communes qui avaient déjà déposé des arrêtés anti-pesticides. Les maires ont déposé un recours d'urgence anti-pesticides cette fois adressé au Conseil d'Etat (la plus haute juridiction administrative) qui a débouté cette demande sans même l'avoir examinée.

 

Agribashing et poids des lobbies : des obstacles difficiles à surmonter

Face à la multiplication des arrêtés anti-pesticides et l'intrusion dans les élevages (enquêtes menées par L214 par exemple), les agriculteurs français s'estiment dénigrés voire déconsidérés autant par les pouvoirs publics que par les consommateurs. Ils subissent ce que l'on appelle l'agribashing qui consiste à critiquer la sphère agricole conventionnelle.

 

Les groupes de pression industriels l'emportent toujours, c'est une des raisons pour lesquelles certains politiques renoncent aux idées qu'ils défendent, à l'instar de Nicolas Hulot qui quittait ses fonctions de ministre de la Transition Ecologique et solidaire à l'été 2018 . 

 

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