Intelligence artificielle et robotisation : la vraie révolution du travail

Publié le 25 février 2016 (modifié le 20 février 2023 à 22h15)
Par Mouvement Français pour un Revenu de Base
Temps de lecture : 5 mins

La réforme du Code du travail, portée par Myriam El Khomri, divise profondément le pays. Mais à l’heure de la robotisation et de l’intelligence artificielle, la valeur travail est-elle toujours d’actualité ? Tentative de réponse.

La ministre du travail, Myriam El Khomri, a présenté le 18 février 2016 son projet de réforme du code du travail, entre plafonnement des indemnités prudhommales, flexibilité du temps de travail et licenciement économique facilité. Comme à chaque réforme du droit du travail, les réactions sont vives. La classe politique toute entière s’agite et les syndicats se mobilisent, à l’instar de la CGT qui organise une journée d’action le 31 mars 2016.

Les citoyens réagissent également à la proposition de loi. Caroline de Haas, militante syndicale et féministe, a lancé la pétition : Loi travail : non merci !, publiée sur change.org. L’objectif est d’interpeler la ministre du travail pour qu’elle renonce au projet, en atteignant un million de signatures. Elle en a déjà recueilli plus de 500 000 ! Le mouvement s’accompagne d’un site Internet détaillant le projet de loi point par point. Retrouvez les liens de la pétition et du site en bas de page.

La proposition de loi « El Khomri » survient en pleine crise du travail en France. Cette énième réforme pourra-t-elle sauver notre modèle économique ? Doit-on continuer à réformer, et donc par définition, ajuster indéfiniment le modèle existant ? N’est-on pas dans une crise structurelle nécessitant un changement de paradigme ? A l’heure de la mécanisation du travail, doit-on envisager un nouveau modèle économique et sociétal ?

Il est évident que la crise du marché de l’emploi ne se résoudra pas d’un coup de baguette magique. Toutes ces questions appellent de profondes réflexions, loin des clivages partisans. Toutefois, à l’orée de la révolution que représente la naissance de l’intelligence artificielle et la mécanisation du travail, One Heart vous propose une piste de réflexion : le revenu de base.

Mécanisation du travail, spéculation ou réalité ?

La robotique et l’intelligence artificielle font partie de l’imaginaire collectif depuis des milliers d’années. Sur les conseils de YAK, nous avons joint Bertrand Duplat, spécialiste de l’interactivité et de robotique. Il nous rappelle que la mythologie évoquait déjà ces questions à travers le mythe du Golem. « L’origine du mot robot vient du russe rabot signifiant travail, corvée détaille-t-il. Les premiers robots étaient conçus pour rendre le travail plus facile. La révolution industrielle a considérablement accéléré la mécanisation du travail.

L’informatique s’est développée après la seconde guerre mondiale, et avec elle l’intelligence artificielle, dont nous assistons à l’explosion, grâce à la puissance de calcul de nos ordinateurs, au nombre colossal de données dont nous disposons, et aux personnes brillantes qui travaillent sur le sujet ».

Aujourd’hui, nous pouvons faire énormément de choses avec l’intelligence artificielle comme la reconnaissance ou la robotique domestique. Bertrand Duplat précise que nous allons déjà bien plus loin : « la voiture sans chauffeur est une réalité, plusieurs Etats aux Etats-Unis autorisent déjà ce type de transports ». Cette automatisation, mécanisation ou robotisation, entraine de profonds bouleversements dans le monde du travail. De nombreux métiers sont voués à disparaître ou à être assistés par les robots.

« Il ne faut surtout pas être dogmatique, il faut regarder au cas par cas et ne pas faire de généralisation hâtive, explique Bertrand Duplat. Beaucoup de métiers ne peuvent être remplacés par les machines, car ils ont une très forte valeur ajoutée humaine. D’autres métiers, comme la chirurgie, sont déjà assistés par la robotique. C’est une question de performance, le chirurgien est bien plus précis avec l’aide d’un robot. C’est du simple bon sens. Enfin, certains métiers, comme démineur par exemple, peuvent et doivent être effectués par des machines car la santé ou la vie d’êtres humains sont en jeu. »

Autrefois nous pensions que certains domaines de la pensée n’étaient pas accessibles à l’intelligence artificielle. Notre spécialiste nous indique qu’aujourd’hui « très peu de domaines échappent encore à l’intelligence artificielle. Des machines jouent aux échecs ou au jeu de go, et gagnent contre les meilleurs ! Même dans le domaine de la créativité, des robots réalisent des choses stupéfiantes ».

Un scénario à la Matrix, « ce serait penser que les robots sont plus bêtes que nous »

Devant ces avancées, il apparaît nécessaire de légiférer, d’encadrer et de définir ce que nous voulons et attendons de l’intelligence artificielle et de la robotique. « On ne sait pas jusqu’où nous pouvons aller, déclare Bertrand Duplat. Nous sommes encore loin de ce que les films de science-fiction prédisaient. Il n’y a pas encore de voitures volantes.

Nous sommes très en retard, et on ne peut pas dire de quoi demain sera fait. On ne peut rien anticiper. Il est donc nécessaire d’encadrer les pratiques et de mettre l’accent sur l’éducation, pour construire un monde dans lequel hommes et machines cohabiteraient harmonieusement ».

Si les robots travaillent à notre place, il sera nécessaire de construire un nouveau modèle de société. Le revenu de base est une alternative de plus en plus crédible.

YAK : le revenu de base comme solution

Le Mouvement Français pour un Revenu de Base (MFRB) définit le revenu de base comme un droit inaliénable, inconditionnel, cumulable avec d’autres revenus, distribué par une communauté politique à tous ses membres, de la naissance à la mort, sur base individuelle, sans contrôle des ressources ni exigence de contrepartie, dont le montant et le financement sont ajustés démocratiquement. Depuis plusieurs années, le MFRB plaide la cause de cette solution, révolutionnaire en tous points.

Une étude du Massachusetts Institute of Technology (MIT) annonce que 50 % des emplois dans le monde peuvent être automatisés. La moitié du travail mondial peut être fait par des machines. De nombreux politiques et activistes pensent donc que nous en avons fini avec « la valeur travail ». YAK va plus loin en dénonçant « les bullshit jobs » qui enferment de trop nombreuses personnes dans une fausse « dignité fondée sur la valeur travail ».

Peut-on s’affranchir du travail ? La question est-elle déstabilisante ? Sans aucun doute. Mérite-t-elle d’être posée ? Assurément !

Les partisans du revenu de base répondent à cette interrogation par l’affirmative. Nous pouvons nous affranchir de la valeur travail et choisir, non pas ce que nous voulons faire dans la vie, mais ce que nous souhaitons faire de notre vie. L’homme obtiendrait ainsi la possibilité de se concentrer sur son développement intérieur et de faire un réel choix de vie. « Nous n’explorons pas des champs entiers de notre perception », précise YAK. Il pense que « chaque humain à une fonction, est utile en soi, car il fait partie d’un tout. Le revenu de base permet de trouver cette fonction, cette utilité ».

Dans un de nos précédents papiers, Diana Filippova, membre de la communauté OuiShare, expliquait que notre modèle sociétal basé sur le travail et la consommation est déjà mort, achevé par la révolution numérique. Elle propose d’inventer un nouveau modèle sociétal entremêlant le social et l’économique. Le revenu universel deviendrait ainsi la base de la révolution sociale de demain. « La volonté de posséder n’est pas naturelle, mais culturelle. Le revenu de base permettrait de stopper la course perpétuelle à l’argent, de changer de perception et d’entrer dans une dimension plus spirituelle », conclut YAK.

L'association

Mouvement Français pour un Revenu de Base

Mouvement Français pour un Revenu de Base

Les actions


Le Mouvement Français pour un Revenu de Base (MFRB) est une association dont l’objectif est d’informer et de militer en faveur de l’instauration d’un revenu de base, défini comme suit : 

"Le revenu de base est un droit inaliénable, inconditionnel, cumulable avec d’autres revenus, distribué par une communauté politique à tous ses membres, de la naissance à la mort, sur base individuelle, sans contrôle des ressources ni exigence de contrepartie, dont le montant et le financement sont ajustés démocratiquement"

Les propositions de revenus de base sont multiples, autant par leur montant que par leur mode de financement. Le MFRB souhaite réunir ces diverses approches sous ce dénominateur commun : l’idée que le revenu de base doit être un droit universel, individuel et inconditionnel. Nous nous inscrivons dans un mouvement international impulsé par le Basic Income Earth Network (BIEN) depuis 1986 et sommes affiliés à l’Alliance Européenne pour le Revenu de Base (UBIE) créée en 2014. Le Mouvement Français pour le Revenu de Base promeut le revenu de base, en regroupant tous les acteurs(trices) et sympathisant(e)s de cette idée, sans être affilié à aucun parti politique.


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