Cette entreprise recycle les masques à usage unique en un matériau durable

Publié le 16 mars 2021 (modifié le 20 février 2023 à 22h18)
Par One Heart
Temps de lecture : 4 mins

À mesure que les masques de protection sont rendus obligatoires en France et dans le monde à cause de la crise sanitaire de Covid-19, les déchets, eux, augmentent. Pour lutter contre la pollution liée à ces "nouveaux déchets", l’entreprise française Recnorec a pris la décision de collecter les masques à usage unique afin de les recycler grâce à un procédé particulier. Chargée de communication chez Recnorec, Wendy Labbé, nous dévoile le procédé de recyclage des masques en plastique.

Un recyclage réalisé grâce à un procédé thermomécanique 

Si de nombreuses entreprises de recyclage existent aujourd'hui, Recnorec, elle, propose une solution appliquée aux déchets plastiques non recyclables. « Cela concerne tous les déchets qui n’ont pas de solutions de recyclage aujourd’hui et qui vont finir en incinération ou dans des décharges. On arrive après tous les acteurs du recyclage, une fois qu’ils ont récupéré ce dont ils avaient besoin. Finalement, nous, on s’occupe des restes », nous explique Wendy Labbé, chargée de communication pour Recnorec. Les plastiques utilisés pour le recyclage sont récupérés via les poubelles de déchets ménagers des particuliers.


Pour recycler ce type de déchets, appelés "gisements", Recnorec utilise un procédé particulier appelé "procédé thermomécanique". En effet, contrairement aux autres recycleurs, aucun triage ni aucun lavage ne sont effectués. « On n'aura pas besoin de passer par ces deux étapes-là. On va donc avoir un gain de temps, un gain économique et puis surtout un gain de ressources car c’est une solution qui va être écologique puisqu’on utilisera moins d’énergie et moins d’eau », développe Wendy.

 

Une fois les déchets collectés, ils sont broyés avant d'être chauffés et transformés en un matériau resistant et écologique (©Recnorec)

 

Le procédé thermomécanique consiste à chauffer et broyer tous les déchets récupérés. Ces derniers sont ensuite placés dans des moules qui serviront à produire un matériau spécial, semblable à du bois : « Il (le matériau spécial) possède d’autres propriétés que le bois notamment son imputrescibilité (capacité de certains matériaux à ne pas pourrir). Il va donc pouvoir être mis en application à l'extérieur parce qu’il ne va pas avoir besoin de beaucoup d’entretien et va être très résistant », nous dévoile Wendy. Pour le moment, Recnorec se trouve dans une phase d’expérimentation et d’analyse des gisements afin d’étudier la recyclabilité des déchets et créer ensuite un matériau aux propriétés écologiques optimales. À terme, l'objectif de Recnorec est de pouvoir mélanger tous les gisements sans passer par la phase d’analyse. 

 

L'opération "Bas les masques", pour lutter contre les "nouveaux déchets" et sensibiliser au recyclage

L’idée de Recnorec d'intégrer les masques dans leur routine recyclage a germé au début de la crise sanitaire en 2020 et s'est développée grâce au lancement de l'opération intitulée "Bas les masques". Concernant le processus de recyclage, le procédé reste le même que pour les déchets classiques ménagers. Seuls les masques doivent passer par un temps d'isolement de sept jours afin d'éviter d'éventuelles contaminations, dès la réception, par Recnorec. Les masques sont donc traités en entier dans le broyeur, sans être démantelés : « Ça permet à notre solution d’être industrialisable puisque déconstruire les masques un à un, ça prend énormément de temps », précise Wendy.

 

Une fois les masques broyés, une grande quantité de "paillettes" est ensuite récupérée avant d'être placée dans des moules (©Recnorec)

 

Pour collecter les masques de protection en plastique, des bacs sont installés dans les locaux des différents partenaires de Recnorec, tels que la région Île-de-France, la mairie de la ville de Plaisir (78) ou encore la commune de Voisins-le-Bretonneux. Les collaborateurs et les agents des différentes villes sont donc acteurs de cette opération et peuvent s’impliquer dans une démarche écologique et de sensibilisation au recyclage des déchets plastiques. Pour le moment, l’opération "Bas les masques" est prévue jusqu’à la fin du mois de mai 2021. Afin de pouvoir mener à bien ses objectifs, Recnorec a mis en place une levée de fonds, avec un objectif de 30 000 euros. L'entreprise passera ensuite à la création d’une ligne de production artisanale "qui sera opérationnelle cet été" et devrait permettre de recycler un plus grand nombre de masques. « On devrait pouvoir recycler 100 kilos de masques par mois ce qui correspond à environ 25 000 masques », nous révèle Wendy.

 

Les masques, un ingrédient supplémentaire pour Recnorec

L'opération "Bas les masques" s'inscrit parfaitement dans les actions et les objectifs de Recnorec. Les masques de protection viennent s'ajouter comme "un ingrédient supplémentaire" dans le processus de recyclage de l'entreprise. En effet, Wendy rappelle que les masques constitués de plastique ne sont pas considérés comme ingrédient principal chez Recnorec. « Aujourd’hui, on les prend en charge parce que c’est un problème de société et qu’on a envie d’agir à ce-niveau là. Mais si demain on n’en consomme plus, Recnorec continuera ses activités en utilisant d’autres flux de déchets », nous dévoile Wendy.

En parallèle de l'opération "Bas les masques", une nouvelle levée de fonds de 3 millions d’euros va débuter dans les prochaines semaines et ce, jusqu’à la fin de l’année. Elle est ouverte à toutes les entreprises ou particuliers qui souhaiteraient participer à ce projet : « Cela va nous permettre de mettre en place, début 2022,  le démonstrateur industriel qui, lui, va pouvoir traiter jusqu’à 3 000 tonnes de déchets par an », nous révèle Wendy. « On s’engage à ce que tous ces masques soient traités à un moment ou à un autre, que ce soit maintenant ou dans plusieurs mois. Même si aujourd’hui on n’a pas ces capacités-là, on sait que demain on les aura parce que c’est aussi notre souhait, à savoir agrandir nos capacités de recyclage des déchets », conclut Wendy.

Par Léa Bourgoin

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