Une étude réalisée par des scientifiques montre l'impact néfaste des médicaments sur les espèces aquatiques

Publié le 9 mars 2021 (modifié le 20 février 2023 à 22h18)
Par One Heart
Temps de lecture : 3 mins

Une analyse publiée en ligne par le média indépendant The Conversation démontre comment le déversement des médicaments a un impact sur le milieu aquatique. Des experts en biodiversité ont créé des rivières artificielles afin d'observer les effets d’un mélange de cinq molécules sur des mollusques vivants.  

La qualité des eaux en déclin dans le monde

Depuis plusieurs années, les scientifiques et spécialistes de la biodiversité ont observé une régression claire de la qualité des eaux et des espèces qui y vivent. En cause notamment, les eaux usées déversées par les usines de traitement et d’assainissement qui restent un véritable fléau pour la biodiversité. Parmi les causes de cette pollution, on note les médicaments qui constituent une importante menace pour les espèces marines, à l'instar du chlorhydrate de fluoxétine. Plus communément appelé le Prozac, ce dernier est utilisé comme antidépresseur dans le traitement de la dépression de type sévère. Aux Etats-Unis, il a été prescrit près de 25 millions de fois rien qu'en 2018. S’il est énormément utilisé, il est aussi hautement toxique pour les poissons. 


Dans une étude parue en février 2021 dans la revue anglaise sur la recherche biologique,  Proceedings of The Royal Society B, les scientifiques ont observé des changements flagrants chez certaines espèces de poissons qui avaient ingurgité du Prozac. Il a été constaté que certains poissons perdaient, plus ou moins, leur individualité selon la quantité de Prozac qu’ils avaient avalée. Si ce constat inquiète autant, c’est précisément parce que cela pourrait mettre en péril les espèces marines et plus précisément leur instinct de survie, leur capacité de reproduction ainsi que leur diversité génétique. À travers le monde, comme en France, les effets de certaines molécules sur la biodiversité sont étudiés très attentivement.


Une écotoxicologie réalisée sur une espèce de moule

Alain Geffard, professeur à l’Université de Reims Champagne-Ardenne, a publié dans, The Conversation (média indépendant alimenté par des universitaires), une analyse très précise concernant les effets des médicaments sur certaines espèces aquatiques. Les scientifiques ont pour cela mélangé cinq molécules, à savoir le paracétamol (analgésique), l’irbesartan (antihypertenseur), le diclofénac (anti-inflammatoire), le naproxène (anti-inflammatoire) et la carbamazépine (neuroleptique) pour ainsi observer les possibles changements ou autres effets sur un mollusque bivalve (classe de mollusques d'eau douce et d'eau de mer), appelé moule zébrée ou dreissène. Cette dernière, élevée pour cette étude dans des rivières artificielles, est très observée lors d’une écotoxicologie (étude des effets toxiques et chimiques sur les organismes vivants) aquatique car relativement sensible aux changements de son environnement.

Après 8 semaines, les organismes ayant été exposés le plus fortement aux concentrations de médicaments ont montré des changements notables. Les scientifiques ont noté un important retard de reproduction mais aussi un développement de mécanismes de défense face aux attaques extérieures à savoir les particules de médicaments. Ces dernières, particulièrement toxiques, réduisent l’immunité des mollusques car leurs cellules, elles, s’infectent. Finalement, cette étude rend compte de la dangerosité des particules des médicaments sur la biodiversité. Plus la contamination est élevée, plus il y a de dangers pour les mollusques et autres espèces marines.

 

Léa Bourgoin

 

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