Paris : elles installent un mémorial pour rendre hommage aux personnes victimes de féminicides

Publié le 18 janvier 2021 (modifié le 20 février 2023 à 22h18)
Par One Heart
Temps de lecture : 3 mins

Créé en août 2019 par Marguerite Stern, le mouvement Collages Féminicides Paris, connu pour placarder des messages forts et anti-féminicides dans les rues de la capitale, a décidé d'ériger, dimanche 10 janvier, un mémorial en hommage aux victimes de féminicides. Camille Chirache, l'une des membres du collectif, nous en dit plus. 

Plus de 3 000 membres engagés au sein de Collages Féminicides Paris 

Elles préfèrent qu'on les appelle "les Colleureuses" plutôt que les "Colleuses". Le mouvement Collages Féminicides Paris englobe les femmes victimes de féminicides mais aussi les personnes non-binaires (personne dont l'identité de genre ne correspond ni aux normes du masculin ni à celles du féminin) et les personnes transgenres (personnes dont l'identité sexuelle psychique ne correspond pas au sexe biologique). Depuis 1 an déjà, les membres de Collages Féminicides Paris militent activement contre les féminicides en alertant les passants et la justice. En collant d'immenses messages sur les murs de Paris, elles tentent d'attirer l'attention sur les nombreux cas de féminicides en France. Les membres du mouvement militent aussi pour la cause des travailleurs.ses du sexe, des personnes transgenres qui sont aussi, au quotidien, victimes de violences.

 

                     

Ces messages collés sur les murs de Paris pour lancer un message : vous n'êtes pas seules, on vous croit (©OneHeart)

Au sein de Collages Féminicides Paris, il n'existe aucune hiérarchie et l'entraide est de mise entre les 3 000 colleureuses parisiennes. C'est lors du premier déconfinement que de nombreuses personnes ont décidé de rejoindre le mouvement, à cause notamment d'une hausse de 36% de violences conjugales mais aussi à cause de l'instauration de la Loi "sécurité globale", vue comme une "atteinte au droit à la liberté d'expression" par de nombreuses personnes. 

Un mémorial consacré à toutes les victimes de violences 

Pour alerter et surtout sensibiliser aux féminicides et aux violences faites aux femmes, le mouvement Collages Féminicides Paris a pris la décision de réaliser, le 10 janvier dernier, un mémorial consacré aux victimes de feminicides, situé au 44 rue Bouvier dans le 11e arrondissement de Paris. « C'était important de coller ces 111 prénoms, 98 noms de féminicides en 2020. Certes, c'est beaucoup moins que l'année dernière, mais c'est déjà beaucoup trop », explique Camille Chirache. Selon elle, cette baisse est dûe aux deux épisodes de confinement. « On sait que dans la plupart des cas, c'est quand la femme décide de partir du domicile qu'elle est tuée. Avec le confinement, elles n'ont pas pu partir. Au mois de novembre, on a constaté 60% de violences en plus », déplore Camille. 

 

                   

Des noms écrits au feutre noir sur de grandes feuilles blanches pour attirer le regard et alerter sur la situation en France. (©CamilleChirache/CollagesFeminicidesParis)

Parmi les noms affichés sur cet immense mur du 11e arrondissement de Paris, on retrouve 11 prénoms de travailleurs.ses du sexe ainsi que 2 personnes transgenres, aussi victimes de violences. Collages Féminicides Paris a pris la décision de créer un mémorial non seulement pour impressionner mais surtout pour choquer. À travers leurs actions, le mouvement veut démontrer que les violences peuvent toucher chacun d'entre nous, et ce, peu importe notre appartenance à une classe sociale ou une communauté en particulier.


« Une personne de 20 ans peut vivre des violences conjugales, une personne de 80 ans peut en subir toute sa vie. Il n'existe pas de tranches d'âges », précise Camille. Un mémorial pour ne pas oublier, ne pas les oublier : voilà le souhait des membres de Collages Féminicides Paris. Tant qu'il y aura des victimes, les 3 000 colleureuses se disent déterminées à réagir et à mener des actions plus importantes. « S'il faut placarder 20 fois leurs prénoms on le fera. Peut-être que le gouvernement vous (les victimes) oublie, mais nous on ne vous oublie pas et on ne vous oubliera jamais », conclut Camille. 

 

Par Léa Bourgoin

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