Nicaragua : Les auteurs de féminicides encourent la réclusion à perpétuité

Publié le 28 janvier 2021 (modifié le 20 février 2023 à 22h18)
Par One Heart
Temps de lecture : 3 mins

Le Nicaragua devient le premier pays du monde à instaurer la réclusion à perpétuité pour les auteurs de féminicides. Jusqu'à présent, ils encouraient 30 années d'incarcération. Tristement courant en Amérique latine, le féminicide est souvent le dernier acte d’une série de violences verbales, physiques, et sexuelles dirigées à l’encontre d’une femme en raison de son sexe.  

La lutte contre les féminicides, un combat qui dure depuis des années en Amérique latine

L’Amérique latine est malheureusement connue pour son taux élevé de féminicides, et ce malgré la reconnaissance pénale de ce crime dans la majorité des pays de la région. Pour rappel, le féminicide est le terme utilisé pour désigner le meurtre d’une femme en raison de son sexe. Selon une étude réalisée par la Commission Economique pour l'Amérique Latine et les Caraïbes en 2016, 14 des 25 pays comptabilisant le plus grand nombre de féminicides, se trouvent en Amérique latine. Dans cette même partie du monde, en 2018, 2 321 femmes sont mortes, sous les coups de leur conjoint ou ex-conjoint.


Le combat acharné pour la protection des femmes commence au Mexique dans les années 1990. À cette époque, des féministes décident de mener des enquêtes sur les meurtres ayant eu lieu dans la petite ville de Ciudad Juárez à la frontière des Etats-Unis, désormais surnommée « la ville qui tue les femmes », ou « la capitale des filles disparues ». Le centre universitaire Colegio de la Frontera Norte y dénombre 1 441 meurtres de femmes et filles, entre 1993 et 2014. En réponse à ces meurtres non élucidés, le Mexique intègre en 2007, dans son code pénal, une peine particulière pour les crimes commis par des hommes contre des femmes pour le simple fait qu'elles soient des femmes. Il devient ainsi le premier pays du monde à reconnaître pénalement les féminicides; il ne sera pas le dernier. La même année, le Costa Rica fait de même en intégrant les féminicides dans sa législation, suivi du Guatemala en 2008, du Salvador en 2010 et du Nicaragua en 2011.


Le Nicaragua, premier pays à instaurer la perpétuité pour les féminicides 


Face au nombre croissant d'assassinats de femmes, le Nicaragua a pris une décision radicale. Depuis 2011, l’auteur d’un féminicide encourait jusqu’à 30 ans de prison ferme et d’après un rapport de l'organisation non gouvernementale "Catholiques pour le droit à naître", 716 femmes ont perdu la vie au Nicaragua entre 2010 et 2020. Le pays a donc décidé d’aller encore plus loin. Le 25 janvier dernier, le gouvernement nicaraguayen vote une loi imposant la réclusion à perpétuité pour les féminicides et autres crimes avec circonstances aggravantes. C'est la toute première fois au monde qu'une telle loi est votée en faveur de la protection des femmes. 

Les condamnés à la perpétuité pourront bénéficier d'une libération conditionnelle au terme de 30 années de prison ferme. Cette peine "sera applicable uniquement pour les crimes les plus graves contre la vie, comme le parricide, l'assassinat avec circonstances aggravantes et le féminicide", a expliqué à l'AFP, José Pallais, expert en droit pénal et ancien député de l'opposition. La perpétuité pourra être prononcée contre les auteurs d'assassinats de femmes commis après un viol, en raison du genre ou commis devant les enfants de la victime. Cependant, bien que les gouvernements aient pris conscience du problème, un changement de législation n’est pas suffisant. Désormais, il faut s'employer à éduquer pour éviter d’avoir à punir. En Amérique Latine, de nombreux articles présentent encore les féminicides comme des assassinats liés à une guerre de territoire : cartels, précarité sociale, crise économique, et non comme un acte de violence dirigé contre les femmes

En France aussi, les violences conjugales représentent un fléau contre lequel des dizaines d'associations se battent. Certaines, comme la Fondation des Femmes, ont lancé des campagnes de dons pour venir en aide aux femmes victimes de ces violences. N'hésitez pas, vous aussi, à soutenir ces femmes.

 

Par Clémence Tingry

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