Luttre contre la pauvreté : réunion au sommet à Addis Abeba entre donateurs et pays en développement

Publié le 13 juillet 2015 (modifié le 20 février 2023 à 22h14)
Par One Heart
Temps de lecture : 3 mins

Donateurs et pays en développement se réunissent à partir de lundi dans la capitale éthiopienne Addis Abeba, autour d'un projet d'éradication de la pauvreté.

Troisième conférence sur ce thème, après celles de Monterrey en 2002 et de Doha en 2008, cette rencontre organisée jusqu'au 16 juillet sous l'égide de l’ONU est considérée comme un test décisif de la volonté des États de mettre en œuvre le nouvel agenda de développement des Nations unies pour lutter contre ce fléau.

L'enjeu est de trouver les fonds nécessaires pour financer les 17 objectifs de développement durable (ODD) que les Nations unies sont en train de fixer pour 2015-2030 et qui doivent être adoptés en septembre prochain à New York.

Avec l'ambition d'éradiquer d'ici à 2030 la pauvreté et la faim dans le monde, tout en maîtrisant le changement climatique.

Un gigantesque chantier pour lequel la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (Cnuced) estime qu’il faudra mobiliser 2.500 milliards de dollars d'aide supplémentaires par an.

Le choix d’Addis Abeba comme hôte de la conférence souligne l’importance de ce dossier pour le continent africain qui compte 33 des 49 pays les moins avancés, dont l’Ethiopie.
Ce pays est considéré comme un modèle de développement, malgré des entraves aux droits de l’Homme régulièrement dénoncées.
Pour la circonstance, les trottoirs devant le centre de conférence ont été entièrement repavés, la route de l’aéroport plantée de drapeaux et de banderoles pour accueillir les milliers de délégués et les centaines de ministres et chefs d’Etat participant à cette conférence jugée cruciale par les acteurs du développement.

"Nous ne voulons pas entendre seulement des platitudes et des promesses. Un accord qui ne favoriserait que les pays riches et les intérêts commerciaux ne vaudrait rien. Jusqu'à maintenant, lors des pourparlers, les gouvernements se sont regardés en chiens de faïence, attendant que les autres fassent le premier pas", regrette Claire Godfrey, d’Oxfam.

- Lutter contre l'évasion fiscale -

Mais à quelques jours de l’échéance, les efforts déployés depuis plusieurs mois à New York pour s’entendre sur un document final sont toujours dans l’impasse.
Les pays riches souhaitent dégager de nouvelles ressources en recourant aux financements privés et aux revenus domestiques des pays concernés plutôt qu'à une augmentation de l’aide publique au développement (ADP). Les donateurs demandent également que les pays émergents comme l’Inde, la Chine ou le Brésil contribuent plus largement à l’aide internationale.

"Beaucoup de donateurs se demandent qui doivent être les destinataires de l’aide au développement. Ils disent aux pays émergents: +Vous avez suffisamment d’argent. Vous pouvez mobiliser vos propres ressources. Concentrons-nous sur les plus pauvres+", explique Gail Hurley, du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD).

La conférence devrait toutefois voir réaffirmé l’objectif des pays riches d’allouer 0,7% de leur richesse nationale à l’aide au développement, principalement en direction des pays les plus pauvres. Un engagement jusqu’ici très peu respecté.
A cet égard, la secrétaire d’Etat française chargée du Développement, Annick Girardin, a réitéré le souhait de Paris, qui n’alloue aujourd’hui que 0,36% de son PIB à l’APD, d'un mode de calcul plus large de ce pourcentage.
La France souhaiterait que la lutte contre Ebola ou les "aides sécuritaires dans les pays en développement", telles ses interventions militaires en cours au Mali ou en Centrafrique, soient également prises en compte, au motif qu’elles participent de facto au développement du pays.

L'un des principaux points d’achoppement concerne la création d'un organisme fiscal international au sein des Nations unies pour lutter contre l’évasion fiscale des multinationales.
Le contournement des règles fiscales par les grandes entreprises prive les pays en développement de près de 100 milliards de dollars chaque année, selon Oxfam.
Les pays riches renâclent à sortir les décisions concernant la fiscalité internationale du cadre de l’OCDE et du G20 dont ils maîtrisent l’agenda.

"Les mesures proposées par l'OCDE en matière de lutte contre l'évasion fiscale ne prennent quasiment jamais en compte les préoccupations des pays en développement", dénonce pourtant Lucie Watrinet, spécialiste du financement du développement au CCFD-Terre Solidaire.

La conférence d’Addis Abeba est le premier des trois rendez-vous internationaux majeurs en 2015, avant le sommet sur les objectifs du développement durable de septembre à New York et la conférence Paris Climat 2015 de décembre. 

Source : AFP

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