Harcèlement scolaire : les souffres douleurs lancent un manifeste

Publié le 10 février 2015 (modifié le 20 février 2023 à 22h14)
Par One Heart
Temps de lecture : 3 mins

Térrorisés, battus, insultés, stigmatisés, mis à part... Après voir sombré dans le mutisme, les mutilés scolaires lancent offensivement leur manifeste afin de briser les tabous. Parce qu'ils s'en sont presque tous sortis, ils témoignent dans un reportage pour mener le combat. Presque tous.

Vendredi 6 février la ministre de l'éducation nationale, Najat Vallaud-Belkacem, mettait un point d'honneur à restructurer le système scolaire actuel. Entre renfort de la formation des personnels encadrants et mises en place d'outils afin de faciliter l'obtention d'aide par les parents, les mesures visent à lutter contre le harcèlement scolaire. France Télévisions, pour sa part, fait du 10 février la journée dédiée à la lutte contre le harcèlement scolaire et porte la révolution de ces souffres douleurs à travers la diffusion du documentaire d'Andréa Rowlins-Gaston jeudi soir sur France 2. 

"Ce film, c'est un manifeste"

Le combat d'Andréa Rowlins-Gaston pour porter la voix de ces harcelés est né un matin de 2013. Elle écoutait la radio, France Inter, lorsque le témoignage de Nora Fraisse l'a heurtée. Un 13 février 2013, à 13h30, sa fille Marion s'est pendue. L'élève de 4ème C avait laissé une lettre : elle était devenue la cible des injures de ses camarades, des copains de classe qui sont "allés beaucoup trop loin", comme en relatent les dernières lignes de la fillette. Après un livre, Marion, 13 ans pour toujours, Nora Fraisse a monté une association. Devant la terreur de ses deux plus jeunes enfants, qui voient à présent l'école comme une possibilité de mourir, qui se demandent si "être un bon élève tue", la millitante cherche à éviter à tous les autres parents de subir ce deuil, et ce, en brisant les tabous.  Dix huit mois et une trentaine de personnes rencontrées plus tard, la journaliste de CAPA, qui s'était fait connaître avec son Manifeste des 343 salopes, diffuse son documentaire : "Souffres douleurs : ils se manifestent ", jeudi à 22h25 sur France 2.

 

"Grosse vache, je vais te casser la gueule"

Entre les prises de paroles des huit protagonistes, parents ou anciens martyrisés, le documentaire fait tomber les chiffres : de trois à quatre suicides chaque année, plus de 1,2 millions d'élèves concernés... Plus que les chiffres, les témoignages sont frappants : inertie du corps enseignants, même devant le fait accompli, condescendance des directeurs d'établissements... L'école, ou comment apprendre à "devenir invisible" pour la plupart de ces écorchés. L'arrivée du numérique et la banalisation des réseaux sociaux a changé la donne : le harcèlement ne s'arrête plus une fois la grille de l'école passée. Le harcèlement, tout le temps, sur tout types de supports,a fait de l'école un huit clos psychologique perpétuel pour les victimes. 

Un combat collectif

L'association Paris Aide Aux Victimes a depuis intensifié ses ateliers de sensibilisations auprès des publics très jeunes. Pour soutenir le combat et sensibiliser la population, France Télévision, accompagné par le gouvernement, a mis en place une large gamme de moyens, avec, entre autres, un portail dédié à la cause proposant des outils pédagogiques téléchargeables et utilisables par les parents d'élves et les professionnels de l'enseignement, une dizaine de vidéos ludiques ont été mise en ligne afin de sensibiliser le jeune public, un guide pour lutter contre la cyber-violence ou des prix à hauteur de 2000 euros attribués aux meilleures initiatives. Des personnalités comme Chimène Badi ou Christophe Lemaitre ont rejoint le mouvement et les réseaux sociaux à travers le hastag #NAH (Non Au Harcèlement) et affichent leur soutien.
Une plateforme de témoignages est herbérgée par FranceTélévisions afin que chacun puisse prendre la parole, de manière anonyme, ou à visage découvert.

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