Des espèces protégées menacées par la réouverture d'une carrière dans les Pyrénées-Orientales

Publié le 16 juin 2020 (modifié le 20 février 2023 à 22h18)
Par One Heart
Temps de lecture : 2 mins

Mercredi 3 juin, le Conseil d’Etat a décidé d’annuler les avis de justice interdisant la réouverture de la carrière de marbre de Nau-Bouques dans les Pyrénées-Orientales. Un coup dur pour les associations environnementales comme la Fédération pour les espaces naturels et l’environnement des Pyrénées-Orientales (FRENE 66) qui milite depuis des années pour préserver la faune et la flore du site. 

 

27 espèces protégées menacées

 

La carrière de Nau-Bouques se situe sur une zone de 40 hectares, hébergeant près de 27 espèces protégées : des spécimens de fleurs sauvages, comme le glaïeul douteux, des reptiles comme le lézard catalan et 22 espèces d’oiseaux comme le serin cini. Si sur ces 40 hectares, seuls 8 seraient exploités par la carrière, le projet mettrait tout de même en danger de mort de nombreuses espèces, en perturbant leurs habitats et leurs aires de reproduction. « Par cette décision, le Conseil d’Etat ouvre une porte encore plus grande pour les dérogations sur les espèces protégées. » a affirmé une représentante de l'association "Notre Affaire à Tous" qui oeuvre pour les droits de la nature.

 

Vue aérienne de la zone avec la carrière. ©Google Maps

 

Un projet qui oppose associations environnementales et carriers depuis des années

 

La carrière de marbre est exploitée depuis 1965. Le 14 septembre 2018, suite à une action en justice de la FRENE 66 deux ans plus tôt, l’association environnementale remporte la partie et les extractions de marbre cessent. Début juin 2020, le Conseil d’Etat, qui avait été saisi par le gouvernement et les carriers sur ce dossier, a donc estimé que la carrière présentait finalement « une raison impérative d’intérêt public majeur ». 

Un choix justifié par la qualité du marbre blanc, considéré comme unique en Europe et qui doit permettre un approvisionnement local, mais aussi par la création d’environ 80 emplois dans un département où le taux de chômage dépasse de 50% la moyenne nationale. Des arguments jugés illusoires selon la FRENE 66 : « Cette décision scandaleuse n’a rien à voir avec l’approvisionnement local, et en plus ça part à l’exportation ! (...) Les sociétés Omya (un autre carrier implanté dans la Région) et La Provençale SA ont des stocks de possibilité : des millions de tonnes de marbre. Cette carrière se situe à côté de leur exploitation actuelle, c’est donc une réouverture motivée par son moindre coût économique, plus que par la qualité du marbre. » a dénoncé Marc Maillet, Président de la FRENE 66. 

 

 

Pour compenser le défrichement de 9 hectares sur la zone, la société spécialisée dans la production de minéraux industriels, La Provençale SA, s’est engagée à aménager 5 fois plus de surface (35,5 hectares) pour permettre un repeuplement par les espèces protégées impactées. La cour d’appel doit encore rendre sa décision sur le projet, à une date encore inconnue aujourd’hui.

 

Par Chloé Sappia

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